Directive Bolkestein et euro : le débat ? ...

11 janvier 2007

Dans “Témoignages” de mardi, Jean Saint-Marc revient sur le référendum du 29 mai 2006 qui a vu les électeurs de France - et de La Réunion - rejeter massivement le projet de constitution européenne. Notre camarade rappelle que la campagne électorale avait alors été marquée par la défense, par les partisans du “oui”, de la première mouture de la directive Bolkestein relative au dispositif dit « du pays d’origine ». Selon ces partisans, nous dit Jean, « le plombier polonais ne viendrait jamais concurrencer les artisans plombiers français ou allemands, tout cela n’était que vaine polémique pour détourner les électeurs du vote “oui” ».

Et Jean de citer plusieurs exemples qui montrent que la directive Bolkestein fait son chemin (et ses ravages). On se souvient que, le plus légalement du monde et du règlement européen, une société italienne a pu envisager que des ouvriers soudeurs thaïlandais pourraient être embauchés sur le chantier de l’usine du Gol à Saint-Louis. En Angleterre, c’est Tony Blair qui s’est lancé dans une campagne visant à attirer 1.000 dentistes polonais en Grande-Bretagne, payés mieux qu’en Pologne évidemment, mais bien moins qu’en Angleterre, cela va de soi...

D’où cette interrogation : l’élargissement de l’Europe doit-elle signifier l’égalisation par le bas ? La question vaut d’être posée... Et l’euro ? Cinq ans après qu’il ait remplacé les devises nationales, qu’en pense-t-on ?

Plus d’un européen sur deux disent qu’ils n’ont pas été - loin s’en faut - séduits par cette monnaie unique. Leur situation économique, loin de s’améliorer, contrairement aux assurances données par les classes politiques qui ont mené les débats et les réformes ces 15 dernières années, s’est dégradée. La valse des étiquettes a surtout consisté en un “arrondissement” vers le haut de la conversion des monnaies nationales en euro. En un mot, en convertissant, on a surtout arrondi et grossi. Pire, s’agissant des produits de consommation courante, on a remplacé “franc” par “euro”, sans modifier le chiffre. Ainsi, pour caricaturer (pas si tant que ça ! ), la salade qui coûtait 1,5 franc a “baissé” à 1 euro. Cherchez l’erreur qui est visible dans nos supermarchés !

Certes, tous les ménages ont à subir les effets mécaniques de la mondialisation. Et le libéralisme qui y prévaut laisse entre les mains de ceux qui détiennent le capital des armes pour s’en mettre plein les poches. Jamais d’énormes fortunes ne se sont faites plus vite que ces dernières années. Et si certains peuvent amasser les milliards par dizaines, il faut bien que dans le même temps, d’autres triment pour pouvoir juste s’acheter ce que l’euro a renchéri.

Faudrait-il pour autant en finir avec l’euro dont l’unicité se révèle bien pratique et revenir à la Tour de Babel de toutes les monnaies nationales ? Cela changerait quoi ? Et puis, serait-ce seulement possible ? Ne faut-il pas plutôt espérer l’émergence d’une prise de conscience pour une Europe plus solidaire qui imposerait aux classes politiques un peu moins d’allégeance face aux forces de l’argent ? Ce débat aura-t-il sa place dans la prochaine campagne de la présidentielle ? Est-ce un débat entre français seulement ? La question - le débat ! - est posée.

Raymond Lauret


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