Dominique Bussereau : ’Je suis ouvert à toute mesure qui trouverait place dans une loi dédiée à l’Outre-mer’

5 décembre 2005

C’est au pas de charge - et, sans nul doute en utilisant pleinement la souplesse d’un hélicoptère - que M. Dominique Bussereau courra le marathon que les autorités locales ont concocté pour le ministre de l’Agriculture et de la Pêche qu’il est.
Si le dîner républicain d’hier soir à la préfecture juste après son arrivée à Gillot devait se dérouler dans le temps prévu, on peut légitimement craindre qu’aujourd’hui, entre le petit déjeuner en préfecture à 8 heures avec les acteurs de la filière sucre, l’entretien avec le monde de la Direction de l’Agriculture et de la Forêt et assimilés, la visite à Saint-Paul d’une exploitation cannière à l’antenne 4, celle de l’usine du Gol puis du GAEC de Fruits exotiques, le déjeuner à la ferme-auberge du Pont Neuf aux Avirons en présence des organisations professionnelles, un passage à la CILAM à Saint-Pierre et la visite de la coopérative Vivéa, il faille allonger l’horaire. L’exploit des services de M. le Préfet serait d’être au Port, au Comité régional des pêches maritimes et élevages marins de La Réunion, à 17 heures pour une réunion jugée comme importante par plus d’un. Les 90 minutes prévues pour présenter la pêche réunionnaise et ses enjeux ne seraient alors assurément pas de trop, tant cette filière doit cesser de rester indéfiniment un domaine d’avenir pour notre économie et aspirer à l’être enfin.
Les participants à la rencontre du Port disposeront-ils de ce temps, déjà un peu court ? Et pourtant, dans un propos que rapporte “La Lettre d’Eurodom” dans son édition de novembre dernier, Dominique Bussereau n’hésite pas à déclarer qu’il est... "ouvert à l’examen de toute mesure bénéficiant à l’agriculture ou à la pêche qui trouverait place dans une loi dédiée à l’Outre-mer...". Il serait surprenant qu’il ne soit pas venu chez nous pour parler d’une loi sur la pêche dédiée à La Réunion, loi qui se devra d’être orientée avec force sur un certain nombre de décisions.
Tout d’abord, que Bruxelles cesse de faire un insupportable amalgame entre l’état des mers de l’hémisphère Nord et les nôtres. Là bas, le poisson a été massacré dans ce qu’il a de plus important : la possibilité laissée à la ressource de se reconstituer en permanence. Nous ne sommes pas, loin s’en faut, dans cette situation.
Ensuite, il importe que des décrets - et les moyens qui doivent aller avec - soient pris pour que certaines pratiques honteuses cessent.
Le “JIR” et son éditorialiste Jacques Tillier se livrent-ils à de la désinformation et sont-ils donc condamnables quand ils affirment - c’était avant-hier - que le gazole réservé aux pêcheurs, au vu et au su de tous, sert à enrichir des gens qui ne sont pas des professionnels de la pêche ? Que cela représente, en plus des sommes non négligeables ainsi détournées, un handicap pour la crédibilité du Crédit Maritime qui en serait l’instrument consentant ? Je n’arrive pas à croire en ce genre de choses. Et si, pourtant, elles étaient avérées ? À seulement petite échelle ? Alors, dénonçons tout ce qui gangrène l’atmosphère de notre pêche, son gazole et ces fameuses commissions sur lesquelles il serait bien étonnant que tout ait été dit...
Enfin, avec M. Hervé Gaymard à l’époque, l’idée avait été actée que la France se devait de fédérer l’ensemble des îles du Sud-Ouest de l’océan Indien, ainsi que des pays de la côte orientale d’Afrique, pour réaliser une politique ambitieuse de la pêche, politique placée sous le sceau du co-développement de tous ces États pauvres et qui actuellement voient les pays du Sud-Est asiatique prélever 97% de tout ce qui se pêche dans nos eaux de l’océan Indien. Les populations des Comores et de Madagascar (notamment) vivent en dessous du seuil de la pauvreté. Si les choses devaient rester en l’état, notre région risque demain de connaître des déséquilibres encore plus accentués. En ce sens, la proposition faite à Hervé Gaymard - et qu’il avait reprise à son compte - mériterait débats avant engagements.
Ce soir, en à peine le temps imparti à deux équipes de football pour s’expliquer, les responsables de la filière pêche pourront-ils échanger en toute sérénité ? Sans doute pas. Que l’on prenne alors les rendez-vous qui s’imposent : on pourra s’en satisfaire si on pouvait alors retirer la conviction que la préoccupation est partagée...

R. Lauret


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