Dominique de Villepin renvoyé en appel dès le lendemain de sa relaxe dans l’affaire Clearstream : quelle interrogation s’impose ?

1er février 2010

Sitôt relaxé jeudi dernier par le Tribunal de Paris dans le procès de « complicité de dénonciation calomnieuse » , faits qui lui valaient d’être poursuivi dans une vaste affaire de manipulation visant plusieurs personnes dont l’actuel chef de l’Etat, Dominique de Villepin a-t-il eu tort de laisser aussitôt croire qu’il va pouvoir désormais se préparer pour la prochaine élection présidentielle, laquelle, nous le savons tous, aura lieu en 2014 ?

Le lendemain de la relaxe (« dès 8h20 », précisent les agences de presse françaises), le Procureur de la République, Monsieur Jean-Claude Marin, annonçait sur Europe 1 sa décision « d’interjeter appel » au motif que « de manière un peu surprenante, le jugement ne condamne pas Dominique de Villepin » et que « tout n’a pas été dit dans cette affaire » .

Réaction immédiate de l’ancien Premier ministre de Jacques Chirac : « Le procureur n’a pas l’autorité pour décider et prendre une telle décision. Il y a eu une réunion hier jeudi à l’Elysée où cette décision a été prise ». Ce qui a entrainé la réplique du procureur : « Je n’ai pas besoin de recevoir d’instructions de quiconque pour faire appel. C’est ma décision… » . Et d’estimer que le procès en appel pourrait avoir lieu « fin 2010 ou début 2011 ». Autant dire que pour la Présidentielle de 2012, c’est pratiquement fini pour Dominique de Villepin.

Mais, bien plus que pour cette seule, quoique importante, appréciation liée au calendrier électoral, ce sont certains commentaires de personnalités autorisées qui méritent d’être relevés. Ainsi, Monsieur Christophe Régnard, président de l’Union Syndicale des Magistrats, note que ce qui le gêne, « c’est que comme d’habitude, les suspicions sont généralisées sur les décisions prises par le Parquet, parce qu’il est dépendant du pouvoir politique. C’est l’image de la justice qui est éclaboussée ». Ainsi l’avocat général Philippe Bilger qui ne mâche pas non plus ses mots. « Ce qui me paraît grave, a-t-il lui aussi déclaré à la presse française, c’est le fait que personne ne croira que Jean-Claude Marin a agi librement et spontanément » . D’ou le souhait réitéré par Christophe Régnard : « Il faut couper le lien entre le Parquet et le pouvoir politique, voilà c’est tout » .

Je n’arrive pas pour ma part à imaginer que de hauts magistrats puissent se laisser aller à offrir aux intérêts de quiconque l’indépendance intellectuelle qui les engage et sur laquelle repose le respect que tout citoyen doit à ceux qui, à travers le Droit, ont à rendre la Justice. Et tant pis (ou tant mieux !) pour Dominique de Villepin si, les choses étant ce qu’elles sont, celui qui ne l’aura pas ménagé à cause de cette désastreuse — pour la France — affaire Clearstream devrait ne pas le rencontrer sur sa route dans deux ans. Après tout, on peut parfaitement remplir sa vie et être utile à ses contemporains sans avoir eu à passer par l’Elysée ! Et qui peut affirmer que ceux qui, pour arriver à leurs fins, utilisent toutes sortes de moyens vivent bien la leur ? Que retiendra d’eux l’Histoire, pas la petite, mais celle qui s’écrit avec un H majuscule ? Surtout si le jugement en appel, ce que je souhaite et crois, confirme celui que le Tribunal de Paris, dans sa grande sagesse, a rendu ce jeudi 28 Janvier 2010 !

C’est pourquoi je n’arrive pas à croire qu’ici, dans notre petite île du bout du monde, parce qu’il y a d’importantes élections dans quelques petites semaines maintenant, parce qu’il y a également un candidat qui se réclame du camp de qui vous savez et parce qu’il a été dit qu’il faut le faire gagner par tous les moyens à commencer par une visite présidentielle particulièrement orientée, oui, c’est pourquoi je n’arrive pas à croire ceux qui me soufflent à l’oreille que je me trompe quand je me mets à rêver que le souhait réitéré par le président de l’U.S.M. Christophe Régnard n’a pas lieu d’être. Je n’y peux rien si je suis un indécrottable idéaliste…

R. Lauret


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