Dominique Vian, ou l’art d’aller plus loin...

17 février 2005

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En prenant la décision d’attaquer - "faire appel de..." étant la formule consacrée, c’est-à-dire polie - l’annulation de l’élection des membres de la C.C.I.R. par le Tribunal Administratif, Dominique Vian qui, faut-il le souligner, est tout de même Le Préfet de La Réunion, ne fait pas que défendre "la probité" des agents préfectoraux en charge et sous son autorité morale, mais organise les dites élections. Il a beau concentrer son argumentaire - et on le comprend aisément - sur le fait que, sortir de la comptabilité des enveloppes à dépouiller, les quelque 1915 qui avaient été constatées, de manière irréfutable, comme étant irrégulières, relève de la pure logique et que c’est là une règle fondamentale en la matière, le citoyen averti ne saurait s’en satisfaire.
Dominique Vian sait mesurer la portée de chacune des décisions qu’il est amené à prendre. Il n’ignore pas qu’il est Préfet et que, montant personnellement et physiquement au créneau, il autorise le citoyen lambda à imaginer ce qu’il peut bien y avoir d’autre derrière l’unique objectif déclaré. Et il n’est pas inintéressant que parfois, l’homme se détache de la fonction et pose indirectement des problèmes que son obligation de réserve lui interdit d’évoquer.
En contestant une décision du Tribunal Administratif qui va dans le sens des conclusions d’un Commissaire du Gouvernement, un Préfet ose dire que tout Tribunal Administratif et tout Commissaire du Gouvernement peut se tromper dans leur mission de suggestion et de diction du droit et de la justice. On ne commente pas une décision de justice, affirme-t-on. Mais on peut la nier et la contester. C’est pas pareil, mais n’est-ce pas la même chose finalement ?
Second problème soulevé par Dominique Vian, tel que peuvent le percevoir des citoyens seulement curieux d’anticiper eux aussi sur ce qui pourrait bien arriver dans le lot des transformations qui se préparent dans les bureaux des ministères : faut-il continuer à maintenir le mode de désignation des représentants de nos chambres consulaires tel qu’il l’est actuellement ?
Qu’on se rappelle : avant que le scrutin de la C.C.I.R. ne soit ouvert, des avis crédibles évoquaient le boulevard ouvert (et offert ?) aux récupérateurs de cartes de toutes sortes. Le Préfet de La Réunion n ‘a-t-il pas saisi l’opportunité qui s’offre à lui, pour dire à nos faiseurs de réglementation, qu’il conviendrait sans délai désormais de donner aux votes des membres de nos chambres consulaires, le visage franc et direct d’une élection qui serait la marque de l’intérêt des électeurs et rien d’autre ? Vous êtes inscrit, vous vous déplacez, vous votez avec une pièce d’identité et vous signez la liste d’émargement. Vous avez droit, en cas d’empêchement majeur, à un mandataire, lequel mandataire ne peut avoir plus d’un mandat. Point barre. Ce n’est pas parce que vous êtes PME, gros ou petits commerçants ou industriels que vous seriez plus considéré que le citoyen de base qui vote lors d’élections tout autant importantes que celles de nos chambres consulaires.
Il faut savoir gré à Dominique Vian d’avoir osé entamer une démarche qui va bien au-delà de la visée qui l’anime en apparence. Lorsque la légalité heurte la réalité et entraîne la morale vers des dérives qu’elle conforte au nom du divin droit, il est bon de revoir nos textes et règlements.
Ce serait tellement plus sain et plus simple que de devoir fabriquer des enveloppes électorales dotées de codes-barres !

R. Lauret


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