Du bon sens des tortues...

27 octobre 2006

À partir d’aujourd’hui et pendant toute la semaine, nous accueillons une mission financée par la Région sur les tortues. Deux grands spécialistes de ces gentils reptiles vont expertiser des élevages, conseiller de nombreux passionnés, donner des conférences publiques et former quelques vétérinaires.
Une réunion très importante est programmée avec les services de l’État pour rechercher une possible adaptation des règlements en vigueur sur la commercialisation de nos chères tortues car la situation est un brin extraordinaire :

- En hypothèse basse, nous avons 50 000 tortues à La Réunion.

- En hypothèse basse, nous avons moins d’un tiers de femelles, soit 15.000 reproductrices.

- En hypothèse très basse, si une femelle ne fait qu’un petit par an, nous aurions donc 15.000 naissances annuelles.
Cette paisible végétarienne étant classée en annexe I de la convention de Washington, il est donc strictement interdit d’en vendre les bébés, même issus d’élevages déclarés et de tortues pucées, sauf a ce que des tests ADN démontrent une traçabilité de filiation sur trois générations.
En dehors de l’utopie de ce dispositif, auquel aucun des milliers d’éleveurs réunionnais ne peut prétendre, la loi montre là les limites de son application.
Pire, elle va générer une perversité contraire à son esprit. Que se passera-t-il le jour où un éleveur pourra répondre à ces tests, payer les textes et fournir les documents demandés ?
Ça sera la “mafia” des papiers officiels. On n’achètera pas une tortue, mais un récépissé, il y aura une situation de monopole, les prix vont flamber... Et le trafic redémarrer de plus bel.
Par contre, si vous êtes un éleveur déclaré, que vos tortues le sont aussi, vous avez le droit de donner vos bébés (ben voyons !) ; mais attention, là encore, le donneur et le receveur doivent solliciter des certificats provisoires auprès de l’administration avant d’obtenir des documents définitifs, tout ça pour offrir une petite tortue à un enfant asthmatique.
Il y a 15.000 naissances par an de ces tortues dans toutes les cours de notre pays.
Ceux qui en ont ne peuvent pas les vendre : c’est interdit.
Ceux qui en veulent ne peuvent pas en acheter : c’est interdit.
On peut en donner ; mais c’est compliqué.
Les règlements internationaux, européens et français s’appliquent de fait à notre territoire, mais sans tenir compte de notre situation si particulière par rapport à cet animal.
Nous n’avons pas à changer la loi ni à inventer de nouvelles spécificités, mais nous avons le devoir de chercher simplement à “acclimater” ces règlements à notre réalité insulaire.
Dans le bureau où j’écris ce texte, mon ami Raymond a collé une jolie sentence sur le mur :
« Administrer, ce n’est pas tout empêcher au nom du règlement, mais tout faciliter au nom du bon sens ».
Et si la tortue, symbole universel d’introspection et de sagesse, nous ouvrait le chemin de la raison ?

Emmanuel Lemagnen

Ps : Conférences publiques sur l’élevage des tortues :

- samedi 28 octobre, 18H30, au CNR 6 bis rue Pasteur à St Denis ;

- mardi 31 octobre, 18H30, musé Stella Matutina. Entées gratuites.


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