Du système indemnitaire de la vie politique de la France

4 avril 2006

Tout magistrat de Chambre régionale des comptes souhaite garder secret le plus longtemps les rapports réalisés sur telle ou telle institution territoriale dont il a la charge de contrôler la gestion. Sous la signature de M. Pierre Leyral, sur deux jours et deux pleines pages à chaque fois, le “JIR” vient de déchirer d’un spectaculaire coup de canif, ce voile sacré.
La CIVIS que préside Michel Fontaine, également maire de Saint-Pierre, subit en effet aujourd’hui les honneurs d’un journaliste qui, par ailleurs, passe pour accompagner dans sa carrière politique le nouveau maire de la cité rivale du Tampon.
N’insistons pas sur la liste des griefs que la Chambre régionale a relevés à l’encontre de cet Établissement public de coopération intercommunale (EPCI) qui regroupe les villes de Cilaos, Étang-Salé, Saint-Louis, Petite-Île, Saint-Philippe et Saint-Pierre. Cela sera fait en un autre moment...
Pour ne pas laisser M. Leyral seul avec un aspect de la vie publique telle que le réglemente la législation française et que nous avons été parmi les premiers à dénoncer, je voudrais revenir sur les rémunérations absolument légales des élus.
La Loi a prévu que nos maires soient aidés dans leurs tâches par des adjoints ou adjointes. Ceux-ci (Maires et adjoints) sont indemnisés. Très bien. Très bien même... Ceux-ci (les maires et les adjoints) peuvent également occuper des postes de président ou de vice-présidents de la structure intercommunale dont leur ville fait partie. Ils recevront pour ces fonctions des indemnités dont M. Leyral précise, sans nullement se tromper, qu’elles sont confortables. “Très bien” encore ???!!!
Non, pas “très bien”... Pas “très bien” du tout !!! Pas “très bien” parce que, en face de la fonction, il n’y a pas de travail réel. Tous ceux qui siègent dans les conseils communautaires, mais surtout tous ceux qui y sont employés vous le diront, sans que cela ne découle nullement de la responsabilité de ces élus auxquels la Loi permet de toucher de confortables (comme on dit) indemnités : ce que la Loi autorise comme niveau d’émolument n’a rien à voir, mais strictement rien, avec ce qu’il y a à faire.
Cela, seulement cela, mériterait des magistrats de toutes les Chambres des comptes de toute la République qu’ils sortent de leur obligation de ne faire que du contrôle. Et qu’ils posent avec les citoyens l’aspect moral du système indemnitaire de la vie politique de la France... S’ils ne le faisaient pas avec le tact dont ils sont capables, il finira par se trouver d’autres journalistes que M. Leyral pour le faire, eux aussi sans ménagement, parions-le !

R. Lauret


Vous l’aurez bien sûr compris. La création d’un Conservatoire réunionnais des bonnes manières dont je vous annonçais la création dans mon papier de ce week-end n’était autre, hélas, qu’un poisson d’avril !

R. L.


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