Dur, dur ce métier

18 octobre 2005

Ce n’est pas parce que je participe à ma manière, c’est-à-dire sous la forme de mon “libres propos” quotidien, à la vie d’un journal que je devrais considérer que je suis journaliste. Ce métier, il est vrai que si je pouvais reprendre ma vie à zéro, je l’exercerais bien volontiers. J’y goûterais pleinement toutes les satisfactions qu’il procure, au premier rang desquelles celle de partager un peu des bonheurs et des peines de nos concitoyens de toutes conditions, de tous âges, dans toutes les activités de leurs vies de chaque jour.
J’aurais aussi à assumer les problèmes qui ne manquent pas de surgir quand il faut réagir dans l’heure ou la demi-journée, à partir des éléments dont vous avez vérifié auparavant et autant que possible qu’ils sont fiables. Et là, tout n’est jamais garanti.

Ceux du “JIR” viennent de le constater en s’appuyant en toute bonne foi sur les informations données par la police de Saint-Pierre : une jeune dame, célèbre championne d’un sport nautique qui l’a placée sur les plus hautes marches des podiums mondiaux, est citée et mise en cause pour avoir, en état d’ébriété, commis moult grabuges. Un os, et de taille : ce n’était pas elle. C’était une autre. Mais, dès la sortie du journal, son nom et tous les commentaires qui vont avec font le tour de l’île et, à cause d’Internet, celui du Monde. Mettons nous deux secondes à sa place !
Les excuses du rédacteur en chef sont sincères et immédiates, mais ne suffisent pas. Le journaliste en cause ne peut être taxé de légèreté : sa source est tout ce qu’il y a de plus fiable. Ce jour-là, elle était totalement et, pensent certains, étonnamment erronée ! C’est la cata, l’énorme cata...

F.C.P.E.? L’info tombe... des gens sont en garde à vue. Les bruits les plus divers courent. Que faire quand il est 18 heures et quand votre métier est d’informer ? On informe donc... J’ai pour ma part, mais je ne suis pas journaliste, je ne suis donc pas au charbon sur les barricades des événements, ou dans le feu qui chauffe de toutes parts, j’ai pour ma part appelé un camarade. Il m’a confié tout son désappointement de militant de la FCPE. Il connaît des choses, assurément pas tout et il garde ses convictions. "Untel ? non, pas lui, me lâche-t-il, pas lui qui souffre depuis 3 ans des dysfonctionnements qu’il avait constatés et qui voulait redresser la barre...". Qu’aurais-je pu écrire si j’avais été journaliste et que je devais donc, coûte que coûte, remplir ma page ? Dur, dur...

Et l’équipe de France, dont j’ai hurlé le bonheur de ses heures de grandes gloires en 98 puis en 2000, et dont je crains que le parcours en Allemagne, dans un peu moins d’un an, soit à l’image de la dernière Coupe du Monde où elle fut sortie comme on renvoie à la maison des débutants ? Dois-je moi aussi m’en moquer, railler les salaires de milliardaires que ses vedettes vieillissantes et blasées touchent pour que des clubs étrangers soient champions pendant que le coq gaulois traîne une lourde patte ? Et si jamais, puisque le sort des sportifs est entre les mains de la glorieuse incertitude du sport, elle nous revenait Championne du Monde dans un an, quelle tête devrai-je faire à avoir à ce point douté d’elle ?

Dur, je vous dis, dur ce métier que je n’exerce pas...

R. Lauret


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