Emmanuel Ledoyen...

31 mars 2005

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C’était en janvier dernier, en pleine tourmente avec notre Jeanne d’Arc, qui était un genou par terre et que nous étions quelques-uns à tenter de relever. Un matin, vers 6 heures 30, à l’heure où j’arrive à la mairie... mon portable sonne... Au bout du fil, Emmanuel Ledoyen, le brillant gardien de but du club.
La voix est gênée, mais je sens que le garçon a travaillé l’épreuve qu’il a choisie, ce matin, d’affronter. "J’ai une mauvaise nouvelle à vous annoncer...", se lance-t-il d’emblée. En proie avec les problèmes dans lesquels on a laissé l’équipe, je ne le laisse pas poursuivre et lâche : "Ça peut être une bonne nouvelle pour le club, au contraire !"
Emmanuel a sans aucun doute deviné ma déception et ma colère rentrée. Je m’étais débattu, j’avais fait des pieds et des mains l’an dernier pour lui trouver ce boulot à temps plein et pour la vie que je lui avais promis quelques mois auparavant. Il avait, en plus de son salaire, une (bonne) indemnité avec le club et ...pfuitt... parce qu’il y avait des difficultés auxquelles on s’était attelé, lui quittait les lieux ! Cela ne pouvait pas me plaire, venant d’Emmanuel surtout !
Ma réponse l’avait meurtri. Il s’en était confié à Daniel Lafosse. J’aurais pu l’appeler, lui dire qu’il fallait oublier cette petite pique et que je lui souhaitais pleine réussite chez André Thien-Ah-Koon... Je ne l’ai pas fait, par négligence. Et j’ai oublié ce cher Emmanuel... jusqu’à lundi dernier.
Interrogé par Mickaël Payet du “JIR” au lendemain du match Jeanne d’Arc -USS Tamponnaise gagné 2 à 0 par son nouveau club, Emmanuel Ledoyen eut ces paroles intelligentes, généreuses : "Avec ce que j’ai vu cet après-midi, la Jeanne d’Arc a encore de beaux jours devant elle au sein de l’élite. Le club mise sur le maintien, mais je pense sincèrement que cette équipe a le potentiel pour se hisser dans la première moitié du classement".
Ce sont là des propos que l’on aimerait entendre plus souvent de la bouche des footballeurs réunionnais, propos qui dépassent le cadre strict de l’analyse technique d’une rencontre pour donner une large place au langage du cœur, de l’amitié, de la reconnaissance.
Alors, pour ce matin, j’ai eu envie de laisser tomber la Constitution et son référendum, Bolkestein, ses directrices et son principe du pays d’origine, et consacrer mon billet à ce garçon de nos terrains de foot. Il y a trois mois, je l’avais vertement toisé. Il me plaît aujourd’hui de dire qu’en changeant d’air, il n’a finalement rien perdu de sa gentillesse de toujours et de sa grandeur d’âme...
Cela est peu de choses. Mais ce sont là des choses de peu qui, les unes auprès des autres, font finalement les belles émotions...

R. Lauret


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