Ensemble contre l’illettrisme

13 septembre 2006

La semaine dernière s’est déroulée la Journée internationale pour l’alphabétisation. Cette question est au cœur de mes préoccupations, en tant que Réunionnais, enseignant, ex-syndicaliste et élu politique.

En tant que Réunionnais, je ne peux accepter une société qui laisse au bord du chemin une partie importante de la population. Mes parents n’avaient jamais fréquenté l’école. Ma mère m’a toujours encouragé à apprendre. Comme d’autres parents illettrés aujourd’hui, les encouragements et l’implication de ma famille ont été pour moi une condition de réussite.
En tant qu’enseignant, cette question m’interpelle : l’Éducation Nationale doit jouer un rôle majeur dans la résolution de ce problème. L’alphabétisation doit être une cause nationale, au même titre que la lutte contre le SIDA ou d’autres maladies.

En tant qu’ex-syndicaliste, je ne peux admettre que l’on rejette sur le corps enseignant la responsabilité de l’échec scolaire et de l’illettrisme des enfants. Je ne peux non plus me contenter de cette réponse formulée par d’autres : il y va de la responsabilité des parents. Si les parents sont illettrés ou analphabètes, ils ne l’ont pas choisi. C’est un système qui les a “fabriqués”. Une partie de la responsabilité incombe donc au “système”.

En tant qu’élu, je ne peux accepter que 110.000 ou 120.000 de nos compatriotes soient exclus parce qu’ils ne lisent pas ou n’écrivent pas. Comment peut-on développer La Réunion si, au départ, les conditions principales de l’exclusion ne sont pas combattues ?

La question de l’analphabétisme ou de l’illettrisme nous interpelle tous. C’est un problème que tous ensemble nous devons prendre à bras le corps. C’est à la société toute entière de s’impliquer, chacun en fonction de son rôle ; l’État (à travers l’Education Nationale) doit donner les moyens, les collectivités de même.

À la lecture des articles de la presse, à regarder les reportages diffusés par les télévisions, une chose m’a fortement frappé : la fierté de ces femmes et de ces hommes, certains d’âge avancé, qui, après des heures de cours - et de souffrance, de remise en cause - ont pu déchiffrer et accéder à la connaissance, à la discussion, à l’échange. Ils méritent un grand coup de chapeau.
Pour les populations migrantes - que je rencontre régulièrement dans le cadre de ma fonction - cet échange est extrêmement difficile avec le corps enseignant. Quand bien même leur motivation est forte pour suivre la scolarité de leurs enfants, ils se heurtent à un problème fondamental : comprendre les messages lancés par les professeurs. Et pour comprendre, ces femmes et ces hommes sont obligés de se faire accompagner de jeunes filles et de jeunes gens : leurs “interprètes”.

Ces actions menées ici et là, par des organismes de formation ou des associations de bénévoles sont donc à saluer. Le travail fourni par les formateurs doit également être souligné. Il doit être poursuivi. Il y a quelques années, l’ARCA, constitué au départ de bénévoles puis de permanents, a joué un rôle fondamental dans la lutte contre l’illettrisme. Aujourd’hui, de nombreux partenaires, publics et privés, s’attellent à la tâche. Nous devons tous nous sentir concernés.

Yvon Virapin


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