Entre colère et tristesse ...

15 novembre 2007

J’avais hier matin le choix entre la colère et la tristesse. J’ai rapidement mis de côté une colère qui n’aurait pas été digne et qui mène à rien.
C’est que je venais de prendre connaissance d’une Tribune Libre (voir en page 10) de la Commission diocésaine Justice et Paix et dans laquelle ses signataires se demandent «  quel avenir pour La Réunion  ? », au moment même où les commissaires européens engagent à Bruxelles l’examen des Accords de Partenariat Economique (APE) entre les pays ACP et l’Union Européenne. Et j’ai aussitôt opté pour la tristesse, mais une tristesse réfléchie et fraternelle.
Si la description par la Commission diocésaine des dangers de notre situation ne surprend pas ceux qui la suivent quelque peu, notamment à travers les analyses que - là est tout le problème - nous sommes souvent bien seuls à livrer à ceux qui nous lisent, les questions que pose la Tribune Libre font comme si son initiateur... ne nous lisait pas. Ca n’est pas possible. Nous le connaissons.
Toutes les interrogations par elle lancées, elles ont été posées ici !
Toutes les ouvertures possibles que ces interrogations suggèrent, elles ont été évoquées ici !
Ces interrogations ont été posées, ces ouvertures ont été évoquées plus d’une fois à la suite de plus d’une conférence de presse de ceux qui se savent responsables dans notre île...
D’où ma tristesse de constater que, « afin, dit-elle, d’avoir des réponses concrètes à ces attentes (celles qui découlent de ses questions), la Commission Justice et Paix lance solennellement un appel à tous les acteurs, politiques et administratifs, sociaux et économiques, pour qu’ils se mobilisent, sortent de leurs cloisonnements et montrent que leur travail en commun se fait dans l’intérêt actuel et futur de La Réunion... ».
Par le fait de cet appel solennel, elle (la Commission Justice et Paix) fait comme si elle voulait ignorer l’énorme effort d’explication et de partage de l’information qui est à mettre au crédit de la Région Réunion et de ses dirigeants, tant avec les acteurs socio-économiques et l’opinion publique d’ici qu’avec les responsables des pays de la COI, à Mahé et à Port-Louis, puis à Paris et à Bruxelles. Est-ce une faute ?
Pas sûr du tout.
Car, passé le moment de l’émotion et donc de ma légitime “tristesse”, après surtout celui d’un entretien avec mes amis de Justice et Paix, on a le devoir d’être inquiets et de se demander si Paris a su (ou saura) plaider à Bruxelles avec la même intransigeance que nos responsables à nous, élus politiques et responsables socio-économiques, auraient mise si nous avions eu le pouvoir de défendre nous-mêmes nos intérêts au plus niveau...
Et si, finalement, la Tribune Libre de Gilbert Aubry et de Philippe Jean-Pierre ne visait qu’à amplifier toutes ces craintes qui, aujourd’hui encore, sont hélas loin d’être totalement derrière nous ?

Raymond Lauret


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