Entre le “largement” et le “pas totalement” positif...

5 janvier 2007

La Cour des Comptes vient de rendre son rapport. La nouvelle est sur la place publique. Ceux et celles à qui elle est destinée peuvent maintenant s’y pencher pour se faire une conduite de vie. C’est à propos de l’emploi des dons recueillis par les organisations humanitaires françaises après le tsunami de décembre 2004.

C’est ainsi que nous apprenons que « la Cour des Comptes a effectué un travail gigantesque, mobilisant pendant plusieurs mois en 2005, 24 magistrats, rapporteurs et assistants qui ont mené des missions en Indonésie, au Sri Lanka et en Thaïlande... »

Cette même Cour souligne par ailleurs « l’affectation très lente des dons », « le manque d’information aux donateurs », « le financement d’opérations sans lien avec la catastrophe » et « des imprécisions comptables... »

Ce qui amène son président, M. Philippe Séguin, à conclure qu’« il ressort de la première série de vérifications que le bilan est largement mais pas totalement positif... »

Pour ceux qui, comme vous et moi, avaient il y a deux ans été bouleversés par les dizaines et dizaines de milliers de morts du tsunami et qui avaient participé, voire même organisé, des collectes sur la place publique, voilà une appréciation qui risque bien demain d’en refroidir les élans de générosité.

Souhaitons qu’il n’en sera rien et que les multinationales de la diffusion de l’information sauront davantage mettre l’accent sur la partie du bilan « largement » positif des ONG à vocation humanitaire plutôt que sur ce qui ne le serait « pas totalement ».

Car, enfin, fallait-il que, globalement, les organisations humanitaires fassent « n’importe quoi » - ce qui leur aurait valu d’être sévèrement critiquées, voire condamnées ? Dès lors que les dons avaient atteint des niveaux exceptionnellement hauts (330 millions d’euros), faut-il s’étonner que 24 mois après, le choix ayant pu être fait de privilégier le traitement en profondeur et non pas une distribution dont auraient tiré profit les malins, voire les escrocs, tout n’ait pas été dépensé ? Est-ce « totalement », voire « largement », une faute ?

Quand on connaît tout le temps que le respect de la réglementation et les contrôles a priori nous font “perdre” en France quand il s’agit d’argent public, quand on connaît à quoi s’exposent ceux d’entre nous qui s’occupent de vie associative financée par ce même argent public, ne devons-nous pas nous rappeler qu’il est dans notre “culture” de regarder à deux fois avant d’engager la dépense ?

Le rôle de la Cour des Comptes et de ses Chambres régionales est trop important dans notre société qui aspire à la responsabilisation citoyenne grâce à la transparence pour que - triste habitude - nous ne retenions de leurs commentaires que leurs mises en garde. Car, loin de brider la démocratie locale, la Cour et ses Chambres en permettent, au contraire, le bon exercice.

Et il me plaît de relever le sens de l’humilité qui peut animer certains de leurs magistrats qui disent mesurer pleinement la difficulté de leur tâche et qui « acceptent à l’avance de se soumettre au jugement d’autrui ».

Raymond Lauret


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