Et boum, nous nous laissons « ensurginer... »

2 février 2007

Un élu de St Paul m’en avait touché un mot le jeudi 28 décembre dernier, pendant que les nageurs du grand meeting international de Plateau Caillou, sous nos yeux, courraient derrière les records à battre.
En découvrant dans la “grande” presse en ce début de semaine qu’une jeune femme est allée “déposer” au Commissariat de la rue Malartic un dossier “explosif” qui, en tout premier chef, l’accuse d’une série d’escroqueries aussi étonnantes les unes que les autres, j’avoue n’avoir pas cru ce que mes yeux ont pu lire alors.
Parce que je me refuse à condamner quiconque à partir de ce qu’on dit (celui qui est visé fut-il un adversaire politique !), de ce qui ressort des aveux que la presse prête à la jeune femme (qu’un juge d’instruction, pour les besoins de son enquête, vient d’écrouer), je retiens surtout, et pour l’heure avant tout, la facilité coupable avec laquelle certains de nos compatriotes se laissent avoir.
Ainsi donc, parce qu’une nana est jolie, parce qu’elle a du bagout et un sourire envoûtant, parce qu’elle roule en grosse voiture et sait se recommander de personnages importants au point de produire leurs signatures au bas de documents alléchants, et, hop !, nous plongeons dans le piège gros doigt !
L’appât du gain facile et inespéré, l’espèce de sentiment... allez, osons nous aussi le calambour... l’espèce de sentiment de “couillonitude” qui s’empare de nous quand nous constatons que nous allons enfin connaître nous aussi... nous enfin... notre temps de “chancitude” : ainsi donc, cela suffit pour que nous tombions dans le panneau avec autant de facilité et de naïveté ! Qu’une agréable personne un matin surgisse dans notre vie pour nous proposer l’affaire du siècle et, boum, nous nous laissons « ensurginer » en lui signant les gros chèques qu’elle nous demande !
Cela me fait penser à ce couple d’amis qui, il y a un mois à peine, me demandait s’il lui fallait prendre au sérieux une lettre reçue la veille. Cette lettre postée à Murcia en Espagne indiquait que, à la faveur d’un tirage au sort réalisé par une société madrilène de placements financiers, les deux Réunionnais avaient été les heureux gagnants d’une somme de 641.000 euros. Dix pour cent de ladite somme doivent revenir à la société en question pour ses frais, ce qui est normal (et pour la bonne nouvelle, ce qui vous paraît normal !). Vous l’avez deviné : mes deux amis ont bien failli envoyer aux escrocs internationaux espagnols leur RIB et leur accord pour le virement des 10% en question !
Je suggère à la presse et au tribunal, quand l’affaire soulevée aujourd’hui à la Réunion sera examinée, de bien développer pour notre opinion publique l’idée que, par les temps qui courent, nous sommes presqu’aussi coupables quand nous croyons aux beaux parleurs (et aux belles parleuses) qui nous aiment au point de vouloir nous faire faire de ces bonnes affaires qu’ils ont exclusivement réservées pour nous seuls...

Raymond Lauret


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