Et Jackson déclina l’invitation

17 mai 2005

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Je me rappelle qu’en février 2000, Marie-George Buffet, alors ministre de la Jeunesse et des Sports, avait demandé à Leïla Ducheman de l’accompagner pour la visite officielle qu’elle effectuait à La Réunion.
Leïla Ducheman est handballeuse. Elle est Réunionnaise. De plus, elle est Portoise et la ministre, entre autres, inaugurait l’Espace Françoise Mollard, siège de l’OMS du Port. Cette invitation faite à notre compatriote pouvait être comprise comme une reconnaissance par les autorités de La République du mérite d’une jeune femme qui en a bavé et qui a su entraîner beaucoup d’autres vers l’excellence.
Leïla accepta naturellement l’invitation. Toute sa grande famille - père, mère, frères, proches, ville, monde du handball réunionnais - en fut heureuse et honorée. Leïla sut rester à sa place et sa timidité naturelle ne fut jamais un handicap pour elle, à côté des “hautes personnalités” comme on dit : on ne lui demandait rien en échange. C’était simplement un clin d’œil bien appuyé de la République. Elle était citoyenne dans son île, aux côtés de ses compatriotes et d’une ministre de la France. Personne n’y trouva à redire, sinon que Marie-George Buffet avait de la classe elle aussi.
Jackson Richardson, quant à lui, a, dans un premier temps semble-t-il, accepté l’invitation de Mme Claudie Haigneré, ministre de la Recherche en charge des Affaires européennes. Et cela, bien qu’il soit sportif alors que le champ de compétence de la représentante du gouvernement n’a strictement rien à voir avec “son sien”, comme dirait Rémi, mon petit fils. Jackson n’avait pas d’obligations particulières à Pampelune, d’autant qu’il a, depuis quelques semaines déjà, la tête et ses valises plutôt à Chambéry où il mijote un projet de reconversion professionnelle dans lequel son île natale occupera une très grande place. Une éventuelle absence était aisément négociable. Et sans doute l’avait-elle été.
Le capitaine de l’équipe de France de hand-ball avait donc accepté l’invitation de Mme Haigneré à l’accompagner chez nous le mercredi 11 mai dernier. Au cas où vous auriez un doute sur cette appréciation qui se veut stricte, reportez-vous à “l’indiscrétion” que commet l’hebdomadaire parisien “l’Express” dans son édition du lundi 9 au dimanche 15 mai dernier. On n’y écrit pas au conditionnel !
Il faut croire cependant qu’un détail troubla le Saint-Pierrois : il avait la possibilité, s’il le voulait, de rester quelques jours de plus dans son pays natal, la ministre y faisant le passage éclair que l’on a vu. Il se rencarda et découvrit, sans doute et pour le moins stupéfait, “le programme” dont il était l’ingrédient principal choisi pour relever la sauce.
Le fils de Gaston Richardson n’est pas tombé de la dernière pluie. Il flaira la double utilisation dont il allait être l’objet. D’une, ce n’était pas une ministre, mais bel et bien une propagandiste qu’il lui était demandé de suivre. De deux, une fois la dame partie, on allait sans aucun doute vouloir continuer à “l’utiliser” pour la cause, vu qu’il l’aurait en quelque sorte parrainée par sa présence.
Alors, l’indiscutable meilleur handballeur de tous les temps, champion du monde et capitaine de l’équipe de France osa l’insolence : il refusa, sourire poli mais ferme, l’invitation gouvernementale. Claudie Haigneré dut donc faire seule. Des journalistes nous l’ont dit : cela ne restera pas dans les annales...

R. Lauret


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