Et vous savez ce qu’on lui dit à Jean-Louis Prianon ?

20 juin 2006

Il est très possible que le nom de Boyer Roland ne vous dise rien alors que celui de Jean-Louis Prianon évoque en vous mille exploits et mille images.
Pourtant, si vous étiez dimanche dernier à La Possession pour les “10 kilomètres” auxquels le club local avait convié les coureurs pédestres de toute l’île, vous auriez vu Jean-Louis et Roland franchir ensemble la ligne d’arrivée, sur le boulodrome Paul Rambouillet. Vous auriez alors sûrement ressenti toute l’émotion teintée d’admiration que contenaient les applaudissements d’une foule qui ne se trompait pas sur l’autre message que le sport véhicule parfois.
Cela faisait une heure trente-six minutes et cinquante-six secondes que Roland Boyer avait pris le départ d’une course à laquelle, dès les trois cents premiers mètres, Jean-Louis Prianon, le champion incontesté, avait imprimé l’allure de la haute compétition.
Il n’avait fallu à ce dernier que 30 minutes et 33 secondes pour avaler les 10 bornes et affirmer qu’à plus de 46 ans, il a plus que jamais des jambes et un cœur de 20 ans, comme il y a bien belle lurette, à Séoul, il ratait de si peu un podium olympique.
J’ai aimé que tous celles et ceux qui, dimanche, assistaient à la course de La Possession ont eux aussi aimé que, sitôt qu’il eut franchi la ligne d’arrivée, Jean-Louis Prianon tint à rejoindre quelque part encore loin de l’arrivée, Roland Boyer, handicapé physique mais au moral d’un acier dont on fait les grands hommes, à le soutenir, à courir à son rythme à ses côtés et à inviter les spectateurs des bords de la route à applaudir l’extraordinaire performance qui se déroulait sous leurs yeux.
J’ai aimé que Jean-Louis oublie quelques instants qu’il avait déjà gagné et méritait de se reposer, et qu’il choisisse de nous montrer que les plus belles victoires, nos plus belles victoires, ce sont celles que nous permettons aux autres de remporter sur eux-mêmes et malgré que cela exige d’eux qu’ils aillent au bout de leurs possibilités.
Et lorsque tout fut fini, que la place du boulodrome se vidait, Jean-Louis fut encore celui qui s’inquiéta de savoir comment Roland rentrerait chez lui. Ce ne fut pas à pied, comme c’était pourtant programmé. "J’ai pu découvrir, me confia plus tard Jean-Louis, combien Roland est quelqu’un qui sort de l’ordinaire. Il habite seul un petit appartement. Tout y est joliment rangé. Il m’a semblé qu’il était heureux d’avoir pu partager avec quelqu’un quelques instants de son intimité... ".
Et vous savez ce qu’on lui dit à Jean-Louis ? Qu’il n’est pas seulement un champion. Qu’il est un super gars, un grand. Et que La Réunion peut être fière de lui...

R. Lauret


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