Face à un million de problèmes

7 juin 2007

Nous sommes bien au 21ème siècle. Nos fusées depuis quelque temps déjà vont dans l’espace et y emmènent même nos premiers touristes, moyennant une ou deux dizaines de millions d’euros par tête de riche. Nos savants réalisent, pour l’avenir de la médecine, de la science et des technologies de toutes les sortes, de fantastiques prouesses qui nous laissent admiratifs devant les capacités de l’homme à dépasser des limites que l’on n’a jamais imaginées.
Nos portables, de plus en plus miniaturisés, nous offrent pour une poignée d’euros des dizaines de facilités, pour peu que nous sachions pleinement les utiliser.
Oui, nous sommes bien au début d’un siècle qui nous lance mille nouveaux défis à relever et pour lesquels nos universités préparent efficacement notre jeunesse.
Les énergies fossiles - pétrole, charbon - voient leurs réserves s’épuiser ? Nous connaissons la réponse : ne sommes-nous pas en train de capter les énergies renouvelables, inépuisables, constantes, performantes ? Les distances ne sont plus aujourd’hui un handicap. Des avions rapides, confortables, nombreux, permettent, pour quelques centaines ou un peu plus d’un millier d’euros, à des dizaines de millions de personnes pas forcément fortunées de se rendre quasiment là où elles veulent. Et quand nous ne pouvons pas nous déplacer, il y a Internet, le web, tout ce qui, dans l’univers des NTIC, conjugue l’infiniment grand au temps de l’instantané et le concentre sur un petit écran et une imprimante à couleurs.
Et puis, comme un coup de grisou, mais dans une étonnante indifférence, la dépêche est tombée. C’était le 25 mai dernier, en 2007 donc, en ce début de 21ème siècle, quelque part entre la Lybie africaine et l’île de Malte européenne : tout autour d’une immense cage à poissons posée à même les eaux de la Méditerranée et dans laquelle frétillent des centaines et des centaines de thons en élevage, près de 30 hommes y sont agrippés. Ce ne sont pas des travailleurs affectés aux activités piscicoles, bien prospères dans cette région du monde. Non, il s’agit d’êtres humains qui, pour échapper à la famine de leurs terres africaines, ont fait le choix d’aller chercher un peu d’espoir dans les pays riches d’Europe, là-bas, un peu plus loin que l’horizon, comme 200 millions d’autres le feront aussi dans les décennies à venir, pour fuir la même misère.
Ils étaient deux raffiots au moins, partis d’un port de Lybie. L’un a coulé, avec la totalité de ses 57 “passagers”. L’autre aussi a coulé. Mais la providentielle cage à thons a permis à 27 d’entre eux, les plus costauds assurément, d’être encore en vie quand un vaisseau de la marine italienne les a repérés.
La cage était alors tractée par un remorqueur maltais, en direction de l’Espagne, destination finale des fameuses thonines. Le capitaine du remorqueur aurait bien voulu faire monter à bord les malheureux rescapés. L’armateur s’y serait opposé. « On ne risque pas un chargement de thons qui vaut un million de dollars pour un million de problèmes » : tel aurait été l’argument avancé.
Et puis, après moult tergiversations, hésitations et refus définitifs, les autorités italiennes ont décidé que les vies humaines avaient de l’importance.
27 vies d’africains ont ainsi été sauvées. Ouf ! nous sommes en 2007... Nous sommes au 21ème siècle.

Raymond Lauret


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