“Fait par TOUS les Mauriciens...”

13 juillet 2005

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Il revient donc à Navin Ramgoolam de conduire à partir de maintenant les affaires de l’Île Maurice. Sa victoire aux dernières élections législatives a été sans appel. Souhaitons lui, comme l’avait fait Paul Bérenger dès que la première tendance forte du scrutin était connue, de réussir. Les problèmes qui vont rendre difficile sa mission, ne manquent pas. Il y a tout d’abord la chute du prix du sucre... et cela n’est pas rien dans l’Île sœur ; il y a ensuite la crise dans l’industrie textile avec la “délocalisation” des usines en Chine et les quelque 40.000 emplois perdus dans la foulée. Il y a enfin une crise sociale forte car structurelle et qui a vu le niveau de pauvreté monter de façon sensible.
La réponse économique choisie par l’ancien gouvernement pour repartir de l’avant a été annoncée il y a trois mois. Elle ne manque pas d’audace : faire de toute l’Île Maurice un “Duty Free Island” pour conforter le Tourisme de classe dans son rôle de locomotive de l’économie de l’île et de référence dans tout l’océan Indien. Ce concept de“Mauritius Duty Free Island” vise notamment à ouvrir encore plus l’aéroport de Plaisance à des clientèles nouvelles, celles venant de Chine et de l’Inde. L’ambition est claire et nette : passer de 700.000 à 3.000.000 de touristes, et sortir d’un classique “Made un Mauritius” pour adopter le label “Made by the Mauritius people...” Autrement dit, il s’agit d’associer chaque Mauricien à la politique économique de son pays : “Fait par les mauriciens”, c’est en différent de “Fait à Maurice”.
Et il est significatif que Navin Rangoolam, pendant la campagne électorale, s’est dit en phase totale avec la nouvelle dimension que le Parlement et le Gouvernement de Paul Bérenger avaient souhaité donner à l’économie mauricienne dans sa recherche d’un souffle nouveau. Mais...
Mais ne doit-on pas (ou ne peut-on pas) craindre que la confirmation que le communalisme est toujours une donnée forte de la vie politique à Maurice pourrait être un lourd handicap pour l’avenir ? Grâce à l’accord passé entre Sir Anerood Jugnauth et Paul Bérenger pour une alternance au poste de Premier ministre, le pays avait choisi courageusement de rompre avec la tradition qui voulait que cette fonction soit toujours occupée par un hindou. Revenir à une conception communale de la vie démocratique ne comporte-t-il pas forcément un risque de fragilisation de toute la démarche ?
Car nous avions compris que “Made by Mauritius” se traduit en français par “Fait par TOUS les Mauriciens”...

R. Lauret


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