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Je comprends que M. Xavier Bertrand ait pu être éprouvé avec cette tache de saleté qui vient de tomber sur l’image de la France : la découverte de 351 fœtus dans la chambre mortuaire de l’Hôpital Saint-Vincent de Paul à Paris, certains conservés depuis 1985 ! Sûr aussi que Frédéric Ozanam et les six étudiants qui avaient fondé en 1863 la société charitable qui porte le même nom que cet établissement hospitalier de parisien ont dû avoir, ce mardi 2 août, le regard attristé en jetant un coup d’œil sur cette bonne vieille terre où rien n’aura été épargné aux gens de peu qui l’habitent.
L’Inspection générale des affaires sociales (I.G.A.S.) a, bien entendu, aussitôt été dépêchée. Elle a tout de suite commencé son enquête et sans doute qu’au moment où ce billet et des milliers d’autres écrits auront été lus, les faits seront établis, les responsabilités aussi et des plaintes déposées.
Contre qui ?
Impensable que nous soyons là en présence d’un trafic de... De quoi ? Qui peut bien avoir eu l’audace de se lancer dans un commerce de fœtus à partir d’une “niche” parisienne, alors même que certains des petits corps soudain retrouvés sont là depuis plus de 20 ans, dans des sacs ? Absurde...
Alors ? Alors, force est de reconnaître que c’est bien plus grave.
On parle en effet d’opération de conservation de spécimen de fœtus. Les termes “pièces de collection” ont été employés, non pas par l’abruti de quidam qui n’y connaît rien mais par des diplômés des hôpitaux.
Autrement dit, pour faire court et compréhensible, quitte à choquer, il y a à Paris (et ailleurs ?) des “esthètes” qui considèrent que, immanquablement, un marché du fœtus de collection n’est pas demain à écarter et qu’il n’est pas inintéressant de s’en mettre dès maintenant quelques-uns en réserve pour les vendre le moment venu au prix fort de la pièce ancienne, donc rare. Comme certains gardent au fond de leur cave des bouteilles qui, en prenant de l’âge, prennent du prix !
Pendant que des experts font leur métier à rechercher dans quels registres de la réglementation, de la science, de l’éthique ou du statut il faut piocher pour expliquer et tenter de se sortir de cette panade, il y a des gens qui regardent les choses en face. C’est, par exemple, le médecin urgentiste de l’hôpital qui s’est déclaré consterné : "C’est insensé, délirant. Quelle honte ! C’est à vomir. Forcément il y avait des gens au courant !".
Oui, je comprends la trace de l’épreuve qui écrasait le visage de M. Xavier Bertrand, ministre de la France tenu de porter, en notre nom à tous, l’ignominie qui nous atteint chacun, que nous le voulions ou non.
Drôle de monde, drôle d’époque et drôle de civilisation qui n’épargnent personne de ce que nous reprochons aux autres.

R. Lauret