Foster n’a pas été exécuté : un sentiment de soulagement, même si...

1er septembre 2007

C’est ce vendredi 31, à cinq heures du matin et à Paris où je me trouvais pour ce que j’avais à y faire, que le coup de fil d’une de mes lectrices assidues m’a appris la bien bonne nouvelle : « Il a été gracié. Six heures avant l’heure prévue pour son exécution, Foster a été sauvé ».
Pourtant, la veille jeudi, dans une de ses pages réservées à l’ “International”, “le Monde” ne laissait pas apparaître la moindre once d’optimisme. Sur neuf petites lignes empruntées à l’agence Reuters, le quotidien parisien écrivait en effet : « Le Texas a exécuté, mercredi 29 août, un mécanicien condamné pour le meurtre d’un chauffeur de taxi en 1994. John Amador est le 23ème homme exécuté depuis le début de l’année au Texas, le deuxième cette semaine, avant une troisième exécution programmée jeudi.  »
« Avant une 3ème exécution programmée jeudi »
 !!! J’avais lu sans surprise. C’est de Kenneth Foster qu’il s’agissait.
Nous en avons parlé, à deux reprises, dans notre “libres propos” de chaque jour. La deuxième fois, c’était dans le numéro de “Témoignages” de jeudi. Notre papier commençait par ces mots : « Sauf très peu probable revirement de l’état d’esprit de ceux qui gouvernent le Texas, demain matin quand nous nous réveillerons ici à La Réunion, là bas quelque part aux USA, Kenneth Foster recevra la dose prévue pour qu’un gars de son âge et de sa corpulence s’enfonce dans les secondes qui suivent dans un sommeil dont on ne se réveille pas ».
Au nom de la “Law of parties” qui veut, dans l’État du Texas, que celui qui était sur le lieu d’un crime soit considéré comme autant coupable que le coupable, Kenneth avait eu droit à la totale : la peine de mort. C’était en 1996. Il avait alors 19 ans. Plus de 10 ans de prison après à attendre que le jour arrive, il devait (enfin) être exécuté ce 30 août, à 18h.
Le grand mouvement d’opinion qui depuis les USA a gagné l’Europe, toute l’Amérique et toute l’Afrique (et donc notre petite île aussi) pour dénoncer et condamner les tribunaux texans dans leur abusive façon de rendre la Justice a donc eu gain de cause : le jury chargé de donner le feu vert pour la fatale injection a refusé l’exécution, par 5 voix contre 1.
« Je ne veux ni prières, ni bougies, avait déclaré Kenneth Foster à Nicolas Bourcier, journaliste du “Monde”. Je veux que l’on se batte et se mobilise pour moi... Chaque peine capitale est un recul, une défaite pour la société » !!!
Kenneth a été à moitié entendu puisque, lui, il a été épargné, mais que la peine de mort a encore sévi au Texas avec l’exécution le 29 août de John Amador.
N’empêche, nous ne bouderons pas notre satisfaction devant ce recul des autorités américaines, même si, répétons-le, nous ne devons pas avoir la moindre illusion : la peine de mort est lourdement ancrée dans la mentalité des dirigeants du Texas. D’autres passeront encore dans la spéciale et sinistre prison de Hunsville, là où on demande à ceux qui doivent mourir pour avoir un jour plus ou moins lourdement fauté, de bien vouloir patienter dix petites années, histoire de mijoter patiemment... avant de passer sur la table d’exécution.

Raymond Lauret


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus