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par le Dr Raymond Vergès

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Franck Cellier, Claude Hoarau et Sergio Erapa : quand s’impose à nous l’attitude qui interpellera…

lundi 3 mai 2010

Franck Cellier... J’aime bien son regard d’ange rempli de malice et ses questions de journaliste qui joue fort bien au citoyen enchanté par les réponses qu’il suscite. J’aime bien la sorte d’engagement qu’il ne cherche même pas à feindre quand la cause qu’il doit couvrir pour son journal a l’allure de ses convictions. Et puis, cela ne surprendra personne, j’aime bien l’amateur discret de vélo qu’il est et qu’au retour d’une tournée à Mada à l’ébauche de laquelle il vous sollicita, parce qu’il sait que vous n’êtes pas insensible, il se pointe chez vous pour vous parler de ce qui s’y est passé.
Et que je me retrouve devant sa caméra au lendemain du 21 Mars quand, sur le parking de l’Hôtel de Région, il est à la recherche d’élus battus la veille et que je suis venu rendre voiture, fax et téléphone portable, voilà qui me pousse à penser que le hasard sait bien choisir ses points de rencontre.

Donc, j’aime bien Franck Cellier. Bonne raison pour que je lui dise que ses propos parus dans le Quotidien de ce dimanche 2 Mai sous le titre « Bas les masques » ne sont pas, loin s’en faut, de nature à me satisfaire . Ecrire que « Claude Hoarau a réalisé ce qu’aucun patron, même le plus réactionnaire, n’ose faire en rêve : baisser les salaires de ses employés … » et que, « dans son coming-out, le dirigeant communiste a balayé toutes les certitudes gauchistes attachées à la lutte des classes et à la défense du prolétariat », voilà qui est pour le moins un peu facile !
Il ne s’agit pas pour moi de prendre la défense de Claude Hoarau. Il faudrait développer bien au-delà du cadre d’un billet tel que mon propos hebdomadaire. Il s’agit seulement de mettre sur la table toutes les données de l’équation devant laquelle se trouvent aujourd’hui (ou se trouveront demain) les maires des communes réunionnaises.

Un maire, faut-il le rappeler, n’est pas un "patron" dans le sens classique du terme : celui qui, du travail de ses employés, en retire un certain profit. Un maire se doit de poser le profil d’une politique économique et sociale pour la commune dont il a la responsabilité de la gestion. Il a donc à penser en terme d’aménagement de territoire, de cohésion sociale, de solidarité entre des citoyens dont certains vivent dans des conditions extrêmes de pauvreté. Elu selon les règles et les Lois de la République, il est en quelque sorte le délégué de cette dernière pour que notre si belle devise « Liberté, Egalité, Fraternité » ne soit pas qu’un slogan imaginé pour justifier à l’époque la fin du régime monarchique. Et de quels moyens dispose-t-il ?
Nos maires, quels qu’ils soient, ne disposent plus aujourd’hui des moyens nécessaires pour garantir aux citoyens français dont ils ont politiquement la charge une égalité de traitement synonyme de liberté dans la fraternité. La crise mondiale touche durement un tissu entrepreneurial qui s’essouffle dans son but premier qui est la création d’emplois pérennes. Les dotations globales de fonctionnement et de développement ont fondu comme neige au soleil. Et, dans le même temps, les transferts de responsabilité et donc de charges ont fleuri. Longtemps nos mairies ont pu combler dans le domaine sensible de l’emploi le déficit qui apparaissait entre l’offre et la demande. Il y a encore une quarantaine d’années, avec son bac, tout jeune se savait assuré de trouver un job dans la fonction publique. Aujourd’hui, avec un diplôme universitaire, on n’est pas sûr de ne pas devoir pointer au Pôle Emploi en attendant ce qu’il est convenu d’appeler la bonne nouvelle : un "petit" boulot avec, peut-être si tout va bien, un CDI pour un peu plus tard ! A ne pas oublier. Je ne crois pas nécessaire de développer davantage.

Et à Saint-Louis, le Maire est aujourd’hui face à un énorme problème : garder ou ne pas garder pas des emplois dont la tutelle, c’est à dire l’Etat, lui rappelle qu’ils portent préjudice à la structure même du budget d’une parcelle de République dont la gestion lui a été déléguée par la volonté du peuple ?
Plutôt que d’augmenter à concurrence les impôts, Claude a choisi de demander à l’ensemble des employés l’effort de toucher un peu moins et ainsi de permettre à la collectivité de ne pas tomber dans le piège de la facilité comptable qui a pu lui être recommandée : le licenciement pour réaliser les indispensables économies !
Claude s’impose là une attitude qui nous interpelle tous, surtout si nous appartenons à la sphère des décideurs : est-il acceptable de voir que certains "grands patrons", avec l’accord de l’Etat, perçoivent plusieurs centaines de milliers d’euros par an, voire plus, tous revenus confondus ? Ne convient-il pas de revoir totalement un régime indemnitaire qui permet le cumul de véritables salaires pour un seul élu pour des fonctions qui ne font que se compléter ou se résumer parfois à de seuls actes de présences ? Et si, mon cher Franck Cellier, vous ouvriez ici un large débat ? Sachez que je me ferais un devoir d’y participer.

Deux mots pour terminer ce propos d’homme libre, après la nouvelle contre performance de la Jeanne d’Arc ce week-end. Nous sommes là, vous l’avez compris, dans les coulisses du foot d’ici.
Je sais que Sergio Erapa est aujourd’hui placé devant une bien difficile responsabilité, le S.M.S. qu’il a envoyé samedi à ses proches collaborateurs s’étant par erreur affiché sur mon portable. Au président du club portois, je l’ai dit : il faut trancher, avec toute l’humanité qui convient, mais il faut trancher, en son âme et conscience, en faisant passer l’intérêt général avant toute considération particulière. C’est cela sa responsabilité. C’est cela la responsabilité ! Et on trouvera bien entendu toujours les éternels insatisfaits et râleurs. Qu’ils viennent prendre les rênes, eux !
C’est comme pour nos mairies : il arrive un moment où il faut agir. A toi, Sergio, de t’imposer l’attitude qui interpelle plutôt que, au motif qu’il pleut, de sauter dans la piscine pour ne point être mouillé !

R. Lauret


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