François Caillé, pour la bonne adéquation

24 février 2005

Je voudrais saluer l’élection de François Caillé à la tête du MEDEF comme je saluerais dans quelques semaines celle du prochain président de la Chambre des métiers de La Réunion.
C’est important, un président. Et j’ai trouvé fort sain que, pour ce qui est du patronat, les deux candidats aient pu, publiquement, annoncer la manière dont ils croyaient utile que leur organisation s’intègre à la vie économique et sociale du pays. Il appartient désormais à François Caillé de peser de toute son énergie pour que les idées qu’il a avancées et celles de son adversaire d’un jour qui sont intéressantes, soient maintenant appliquées.
Pendant les récentes élections à la Chambre de commerce et d’industrie de La Réunion, de fortes critiques étaient remontées, de la base même de l’organisation patronale, quant à l’image que cette dernière pouvait donner dans un monde économique qui a besoin de s’adapter à notre réalité et qui doit faire face au risque d’écartèlement que la mondialisation des relations impose aux particularismes locaux.
Lors d’une rencontre entre “petits” patrons des métiers des Travaux publics, il y a deux ou trois semaines, quelqu’un avait soulevé un problème bien réel : que valent les capacités des P.M.E. de notre pays face à la puissance de frappe du grand groupe qui, dans son nécessaire positionnement sur toute la planète, peut étouffer tout ce qui localement s’est construit au prix élevé qui caractérise notre insularité et l’étroitesse de notre marché intérieur ?
Jean-Marie Le Bourvelec avait, en sa qualité de président de la Fédération réunionnaise du bâtiment et des travaux publics (F.R.B.T.P.), intelligemment commencé à contribuer à poser les bonnes questions ce qui, en conséquence, pouvait amener aux réponses appropriées.
En postulant à la présidence du M.E.D.E.F., il a ouvert à François Caillé la voie qui fera que les problèmes du B.T.P. devront être pris en considération. Non pas qu’ils ne les aient pas été jusqu’à maintenant. Mais les grands chantiers que nous connaissons et que nous allons connaître dans les deux décennies qui sont devant nous se situent dans le contexte d’une mondialisation sans concession. Le “juridisme adapté” pèse lourdement dans la balance des marchés publics. Il permet aux puissants bien organisés de se draper dans les habits de la légalité telle que voulue par des États, par eux-mêmes dirigés.
François Caillé a sans doute la force de caractère pour peser dans le sens d’une économie réunionnaise qui se développe dans un contexte de coopération et de co-développement. Le chiraquien qu’il n’a jamais cessé d’être n’aura pas de mal à se souvenir que le président Chirac a su parfois montrer plus que de l’agacement devant l’insolence de certains impérialismes qui se sont unilatéralement décrétés “gendarmes du Monde” pour mieux asseoir l’impérialisme de leur économie ultra-libérale. Il lui faudra poser la bonne équation et trouver la bonne adéquation pour une île qui peut aller au monde sans renier les valeurs fondamentales de cohésion qu’elle se doit de préserver et de progrès social qu’il faut gagner.

R. Lauret


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