François Garde

19 janvier 2005

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Il est arrivé à La Réunion dans le courant de l’année 2000 pour y prendre des fonctions que ses prédécesseurs avaient, en tous temps, largement exercées depuis Paris.
C’est que le rôle d’un administrateur supérieur des Terres australes antarctiques françaises (T.A.A.F.) consiste à gérer des territoires non habités de manière naturelle. Sa “région” s’appelle Saint-Paul et Amsterdam, Crozet, Terre Adélie, Kerguelen, c’est-à-dire là où il ne se passe jamais rien... Autrement dit, là où beaucoup d’aventuriers viennent chercher, dans les Quarantièmes Rugissants, quelque chose, croient-ils, sans éveiller d’attention ni provoquer de tension.
Basé à La Réunion, à Saint-Pierre plus particulièrement, là où se trouve la sous-préfecture française géographiquement la plus rapprochée des zones glacées du Pôle Sud, François Garde, c’est de lui dont il s’agit, n’allait pas manquer très vite de se mêler de ce qui, tout simplement, le regarde : la pêche et surtout la pêche illégale. Nos lecteurs ont suivi l’historique de l’Osiris, ce bateau-pirate arraisonné par la Marine nationale et transformé par la suite en un bâtiment auxiliaire pour être affecté à la surveillance des eaux des T.A.A.F.
L’Osiris a été l’occasion pour François Garde de mettre en avant le souci qu’il portait à la pérennisation de la pêche aux T.A.A.F. Il fit le choix d’y consommer une part importante du budget dont il avait la charge sans jamais chercher à se mettre en avant.
Lorsqu’il y a environ deux ans, à la demande du président de la Région, je le recevais pour l’entendre, accompagné de plusieurs armateurs réunionnais, m’expliquer la nécessité pour notre institution, à côté des armateurs locaux, de participer financièrement à une hauteur qui n’était pas symbolique, à l’équipement de l’Osiris, il prit acte de notre accord sans condition ni réserve, un accord confirmé à l’unanimité (moins une voix) par la commission permanente.
François Garde a tenu, par la suite et à chaque occasion, à souligner les conditions intellectuellement exceptionnelles dans lesquelles cette idée de l’Osiris (qui fut son idée, sa modestie dût-elle en souffrir) avait été acceptée et soutenue.
Homme d’écoute et d’humilité naturelle, il va bientôt quitter La Réunion. Un de mes amis qui le connaît très bien me disait que son départ précipité laisse supposer que sa présence ici n’est plus désirable.
Lui reprocherait-on, en haut lieu, son manque de complaisance ou de défiance à l’égard de la hiérarchie politique, quelle qu’elle soit ? Lui reprocherait-on d’avoir montré qu’il est capable de prendre des décisions auxquelles “certains” n’ont pas pensé lorsque ses convictions les lui dictaient ? En un mot, lui reprocherait-on d’avoir réalisé un parcours sans faute et d’avoir donné l’image d’un haut fonctionnaire comme nous aimerions en avoir souvent ?
Au moment où le Conseil des ministres de la C.O.I. se termine, avec, parmi ses seize projets, pas moins de quatre qui concernent la pêche et notre océan Indien, nous savons que la part qu’aura à prendre, à côté des institutions, l’administration supérieure des T.A.A.F. est essentielle.
Cela s’ajoute à nos regrets de le voir partir, tant il nous avait habitués à une forme d’implication qui se situait loin des conventions et qui privilégiait la disponibilité et la simplicité... Dois-je rajouter que ces regrets sont partagés, à une ou deux exceptions près, par tous ceux qui ont eu à faire avec lui.

R. Lauret


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Messages

  • Je suis heureuse de savoir que l’action et la personnalité de François Garde ont été appréciées en d’autres temps, d’autres lieux et d’autres circonstances. Son court passage au poste de secrétaire général du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie n’aura pas été couronné d’un tel succès, et c’est avec un grand soulagement que nous apprenons son retour prochain vers la métropole.

    Michèle Leurs.


Témoignages - 80e année


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