Si la nécessité de réduire notre dépendance aux énergies fossiles, n’est plus à démontrer, il est toutefois possible de croire que cela peut se faire, pas seulement sous l’aspect quantitatif mais aussi de manière qualitative.
J’ai pu me faire à cette opinion lors d’une mission récente à Freiburg en Allemagne. En effet, on connaît ce pays pour son engagement dans le développement des énergies renouvelables. J’ai pu mesurer comment cette réputation est justifiée lors de deux évènements récents organisés par la collectivité régionale. Le premier est la visite d’acteurs des énergies renouvelables, organisée par la Chambre de Commerce franco-allemande pour un séminaire sur l’énergie solaire et la bioénergie qui s’est tenu ces jours derniers dans notre île. Ce séminaire a été l’occasion de rencontres et d’échanges fructueux entre les différents acteurs de l’énergie de notre île et d’Allemagne. Nos visiteurs sont unanimes pour souligner l’engagement exceptionnel de la collectivité dans cette problématique de l’énergie et ont tous salué les réalisations, notamment les installations des chauffe-eau solaires et ont montré un intérêt certain pour les nombreux projets en perspective (éolien, photovoltaïque, énergie des vagues, géothermie, biomasse...). À travers les différents exposés, nous avons pu constater que dans le domaine du solaire, nos amis allemands ont longtemps dépassé l’idée que les panneaux photovoltaïques ou thermiques n’avaient qu’une fonction : celle de produire de l’électricité. Nous avons donc pu voir de belles réalisations où ces mêmes panneaux étaient des éléments multifonctionnels : brise-soleil (surprenant, non ?), éléments de toiture, (tarif plus intéressant pour le prix d’achat), enveloppe de bâtiments, baies transparentes... Des panneaux avec une vraie fonction esthétique... artistique. Eh oui ! Ce qui me fait dire que les architectes peuvent avoir une véritable expression avec ce matériau... trouver leur compte et du coup la planète s’y retrouve aussi !
Et j’en viens au deuxième événement qui corrobore mes propos. Freiburg, la ville la bien nommée, la “citadelle libre”. Pendant notre séjour dans cette ville frontalière avec Colmar en Alsace, la délégation d’élus régionaux a pu constater que participer au développement durable peut et doit rimer avec qualité de vie. Nous avons visité différents quartiers de la ville, dont un quartier solaire, le “quartier Vauban”. Au moment de l’élaboration du SAR, je ne peux m’empêcher de faire référence à ce quartier, qui répond parfaitement aux différents questionnements qui ont eu lieu sur la ville de demain, lors des différents ateliers de travail.
Je vais vous faire une description la plus fidèle possible de ces quartiers de Freiburg. Tout d’abord, nous sommes frappés par les nombreux toits et terrasses photovoltaïques, les chauffe-eau solaires, les chaudières à bois (c’est vrai, que nous sommes venus pour cela !), puis, nous sommes conquis par des habitations colorées, agréables, avec une certaine densité, (Eh oui, on peut faire de la densité de qualité !), des petits jardins fleuris, arborés, sans clôture, des bâtiments à étages, avec des toits “végétalisés”, avec de larges baies laissant entrer la lumière et des grandes terrasses verdoyantes. Mais il y a autre chose de surprenant : le calme ! Nous sommes en ville et pas de bruit ! C’est normal, les voitures sont garées dans des grands parkings aux toits photovoltaïques (encore et toujours !) à l’extérieur des quartiers, qui sont traversés par un tramway silencieux. Par contre, de nombreuses places pour les vélos, de larges allées pour la promenade. Des transports en commun, des parents ramenant leurs enfants à vélo sur les pistes cyclables. Conséquence : pas d’embouteillages aux sorties d’école, et de bureau. Sommes- nous dans des résidences de vacances loin de tout ? Non, c’est le cadre de vie quotidien des habitants de Freiburg avec ses quartiers aménagés de manière durable. Je n’ai aucun mal à concevoir le plaisir de retrouver chaque soir, après une dure journée de labeur, sa “casaDD Freiburgeoise”. En conclusion, je pourrais parodier une publicité célèbre : j’ai rêvé de cette ville, Freiburg l’a fait ! Nous aussi à La Réunion, nous pouvons le faire. Comment ? En aménageant des quartiers démonstratifs, qui par leur effet d’exemplarité, permettront un vrai développement durable de notre île.

Marie-Pierre Hoarau