Il est bon de savoir ce que l’on veut...

6 avril 2006

Il n’y a pas à ce jour, que je sache, des dizaines de Réunionnais qui ont publiquement déclaré qu’ils ne prendront plus la route du littoral tout le temps qu’ils auraient à le faire au volant d’une voiture particulière.
Et on ne peut pas soupçonner ceux qui l’ont dit d’être des “j’en foutre” égoïstes qui disposeraient, en plus d’un chauffeur attitré, de la route des Plaines en alternative. Pour ma part, je n’habite pas le Sud de l’île et je conduis moi-même mon véhicule. De plus, en raison de mes charges électives, c’est quatre à cinq fois par semaine que je fais le trajet Possession/Saint-Denis/Possession. Je n’ignore donc pas que j’aurais désormais à m’en taper des RD 41...
Serait-ce de l’inconscience ?
Que ceux qui m’aiment bien se rassurent : je sais bien que, plus d’une fois, j’aurai à lutter contre la tentation, tôt le matin ou tard le soir, de me glisser... ni vu ni repéré... sur le joli ruban de route qui longe l’océan, ce qui me permettrait, à 90 km/h d’un trajet quasi rectiligne, d’être à destination au bout de 8 minutes. J’aurais à lutter contre cette tentation. Mais il faut savoir ce que l’on veut.
Oui ou non, sommes-nous tous d’accord (aujourd’hui) pour dire que cette route a été faite là où il ne fallait pas la faire ?
Oui ou non, savons-nous que nous sommes au pied d’une falaise qui peut glisser et tomber par pans entiers en n’importe quel point sans que l’on sache quand ?...
Et quand ça tombe, avons-nous déjà oublié l’émotion légitime provoquée, les gros titres de la presse et les radios doléances qui ont accusé tous ceux - État, Région et autres D.D.E. - qui auraient dû la fermer (la route) avant que ça tombe et qui tardent à la “rouvrir” depuis que ça a été déblayé !
Avec raison, on dit qu’il faut en finir avec cette "route de la mort" qui tue les hommes et affaiblit notre économie. J’entends être conséquent avec moi-même : en attendant des solutions techniques et le déblocage des crédits qui nous donneraient enfin un parcours sécurisé loin de la falaise qui tombe et de la houle qui affouille - on parle de 6 à 8 ans -, il faut, bien entendu, rouvrir l’actuelle route aux poids lourds transporteurs de marchandises et aux bus transporteurs de passagers (éventuellement à des taxis collectifs), mais en imposant à tous les contraintes (une contrainte étant toute relative) de convois hautement sécurisés... Sachant qu’un bus de 70 places, c’est l’équivalent de 60 voitures, on peut ainsi soulager la route de la Montagne d’un nombre important de véhicules qui actuellement n’ont pas d’autres solutions que de l’emprunter.
Et puis, rien n’empêche qu’on étudie la faisabilité de voies maritime et aérienne. Imaginons que ça puisse marcher. Quelle aubaine pour l’avenir de notre tourisme et notre souci à tous d’économie de carburant !
Et si ça ne doit pas marcher, qu’on n’invente rien. Surtout pas !
Le plus difficile dans tout cela, c’est de se dire que le transport collectif, ce n’est pas que pour les autres. Nous aussi nous avons à prendre notre part des contraintes qui pourraient améliorer la situation de tous.

R. Lauret


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