’Il est interdit de tout dire’...

30 avril 2005

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En 1968, dans le ton qui est propre à l’insouciance d’une jeunesse généreuse qui voulait que tout cela change, dans la France entière, on scandait haut et fort, le regard pointé vers l’avenir, qu’"il est interdit d’interdire".
Trente sept ans plus tard, en 2005, dans le ton qui est propre aux tenants calculateurs d’un système qui s’accommode fort bien d’une économie qui serait bien plus florissante si elle réduisait sérieusement les emplois, en catimini, on se passe le mot : "il est interdit de tout dire".
L’Organisation Mondiale du Commerce (O.M.C.) vient de confirmer que les subventions versées par l’Union européenne à ses producteurs de sucre sont désormais illégales et a demandé aux Européens de rendre leur régime sucrier “conforme à leurs obligations” ? Chut !!! Mais ne vous affolez surtout pas, bonnes gens des îles et de l’Outre-mer ! Cela va valoir pour la France, pas pour vous ! Faut surtout pas vous inquiéter ! Ces bons Australiens, Thaïlandais et Brésiliens ne vous veulent pas du mal à vous... Allez, faut surtout pas vous affoler !
Faut surtout pas non plus que vous accordiez un quelconque crédit à ce que l’AFP, sur indiscrétion malveillante, a transcrit à la presse et qui tient en quelques mots : "Il appartient désormais à l’Union européenne d’appliquer cette décision et nous espérons qu’elle le fera rapidement". Ces propos ont été tenus par M. David Spencer, l’ambassadeur de l’Australie près de l’O.M.C. Quelle importance ? Pour qui il se prend celui-là ?
Et puis, n’accordez surtout pas de l’attention à cette opinion selon laquelle, citons l’A.F.P., "ce jugement de l’O.M.C. pourrait avoir des conséquences directes sur une profonde réforme du régime sucrier de l’UE que la Commission européenne envisage de faire appliquer à partir de juillet". D’accord, c’est vrai : juillet, c’est après le 29 mai. Mais y a-t-il une raison pour que vous vous méfiiez ? Et, surtout, surtout, n’oubliez pas que notre président de la République a demandé à Bruxelles de retirer "la directive services" de l’ex-commissaire Bolkestein au motif qu’elle est "inacceptable pour la France et pour d’autres États aussi". Et chassez de votre souvenir que Tony Blair a aussitôt clamé qu’il n’avait pas le sentiment que ladite directive avait été mise au placard et que son homologue polonais, M. Marek Belka, a rappelé que cette directive-là était le noyau dur du projet de Constitution : "Sans elle, il serait vide", qu’il avait lancé, l’insolent !
Et puis encore, cessez de penser qu’en votant “non”, vous êtes pour que l’Europe ait une autre Constitution : il faut que ces Messieurs puissent continuer à pouvoir expliquer que l’Europe, c’est "une marmite manzé...". Ben voyons...

R. Lauret


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