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par le Dr Raymond Vergès

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Il s’agit pour Kofi Annan...

samedi 8 janvier 2005

(Page 2)

Nous rappelions hier le dicton selon lequel "ce sont ceux qui ont le moins qui donnent souvent le plus". Et nous prenions comme illustration de notre propos le résultat de la collecte organisée au Port mercredi dernier, au marché forain, sur une demi-journée. Une majorité des enveloppes glissées dans les urnes l’avait été par des gens de condition modeste. En attestait le nombre particulièrement important de pièces ou de billets de 5 euros.
Au final, une somme très honorable, pour reprendre le propos d’un représentant de la Croix-Rouge.
Toute La Réunion est au diapason d’un élan de générosité sans calcul, spontané... Un élan qui mobilise des centaines de personnes et qui, nous l’espérons, ne fait sans doute pas de notre île une exception en France, même si les observateurs s’accordent pour dire que c’est chez nous que la participation financière humanitaire aura été la plus conséquente. Preuve, s’il en était besoin, que notre département est un des plus pauvres de la nation ? Je ne suis pas loin d’adhérer à cette idée.
En tout cas, l’aide apportée par les hommes soucieux de répondre à un appel venu d’autres hommes plongés dans la détresse est palpable, réelle, aussitôt disponible.
On peut, par contre, avoir le sourire dubitatif lorsque l’on sait que M. Kofi Annan, le secrétaire général de l’O.N.U., a été amené "à appeler les États à tenir les promesses qu’ils ont faites et à demander à ce que lesdites promesses soient rapidement converties en argent".
Vous l’avez compris : fort des grande promesses non tenues constatées dans des passés pas très anciens, l’ONU et les mouvements de solidarité du monde entier ne veulent pas croire que certains s’amuseraient encore à des promesses sonnantes et trébuchantes qui... "n’engageraient que ceux à qui elles sont adressées", pour reprendre la formule consacrée. Autrement dit, l’on promettrait de donner et l’on ne donnerait que partiellement, voire pas du tout, une fois passé le moment que dure l’émotion !
Vous l’avez compris également : il s’agit pour Kofi Annan d’insister pour que l’on ne considère pas le coût de l’acheminement des secours, celui du personnel chargé de cet acheminement et toutes autres dépenses de ce type, comme faisant partie des promesses faites !
Ce serait - si les craintes à peine voilées du secrétaire général des Nations-unies s’avéraient justifiées - une escroquerie morale indigne et dégueulasse.
Et les pauvres qui, eux, donnent sans calculer, auraient bien raison de sourire de pitié devant ce spectacle.

R. Lauret


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