« Il y a beaucoup de cultures ici, et elles ne se jugent pas »… J’avais lu et apprécié. J’ai donc rapporté

4 août 2010

C’était hier mardi. Pierre Vergès m’avait invité à partager avec Geoffroy Géraud-Legros, Jean Saint-Marc et lui-même l’heure et demie d’ “Allons causer” de KOI. Bien entendu, il ne pouvait pas ne pas être question de l’événement du moment : l’inscription de notre île au Patrimoine mondial de l’UNESCO.

Je ne reviendrais évidemment pas sur tout ce qui a pu être échangé, entre nous et avec un certain nombre d’auditeurs. J’ai cependant pris l’engagement auprès de l’un de ces derniers de rapporter à Michel Fontaine , le Maire de Saint-Pierre, et à son premier Adjoint, mon ami Rolland Hoarau , et avec la courtoisie qui convient, une petite suggestion, mais une suggestion qui vaut chez chacune d’entre nos villes. Il s’agit des toilettes publiques qui sont soit en nombre nettement insuffisant, soit tout simplement introuvables, sur nos aires de marché forain. Voilà, c’est dit et rapporté à qui de droit, pour Saint-Pierre selon le souhait de notre interlocuteur qui s’est présenté comme un planteur des Hauts du Sud et qui descend souvent pour proposer sa production directement au consommateur. Mais pas seulement pour Saint-Pierre, pour chacune de nos vingt-trois autres communes aussi…

Du Parc National des Hauts, j’invite nos lecteurs à retenir qu’il couvre plus de 40% de la surface du territoire de l’île . C’est énorme et c’est sans doute un record du monde. C’est dire qu’il conviendrait qu’on évite les amalgames d’une routine administrative facile stupide et que l’on sache que toutes les règlementations qui s’appliquent en général à ce type d’entité, et dont on devine aisément qu’elles sont particulièrement contraignantes, apparaîtront très vite aux populations de nos cirques (notamment) comme une entorse à leur mode de vie. Un mode de vie dont ils ont, avec raison, le sentiment qu’il a accompagné l’œuvre du Créateur, en tout cas qu’il ne l’a pas dénaturée, ni même défigurée. Prenons l’exemple des éoliennes dont un texte dit qu’elles sont interdites dans tout lieu protégé parce qu’elles en seraient un sujet d’enlaidissement. C’est évident. Et, en ce qui me concerne (Dieu seul sait que nous sommes nombreux à penser la même chose !), nos bonnes et utiles éoliennes, dans un site classé, elles n’ont pas leur place ! Peut-on tenir le même raisonnement pour les hélicoptères qui, en faisant trois ou quatre rotations dans une journée avec des groupes de touristes, ne sauraient être accusés de casser le paysage ? Or, un aspect de « la (fameuse) réglementation » limite — voire interdit — tout survol, à moins de 500 mètres semble-t-il, de toute zone dite sensible ! Ne serait-ce pas pousser là un peu loin le bouchon du bon sens, un « bon sens » à propos duquel Talleyrand a offert à notre réflexion sa très célèbre recommandation (« Administrer, ce n’est pas tout empêcher au nom du règlement, mais tout faciliter au nom du bon sens ») ? Car, un hélico qui passe dans le ciel, ce n’est pas une éolienne qui s’est incrustée pour longtemps dans le sol ! Un hélico qui se pose avant de repartir, ce sont des touristes qui sont déposés, touristes grâce auxquels la vie économique propre à ces zones retirées pourra s’alimenter et par lesquels les images et la renommée de ces dernières seront véhiculées dans le monde entier.

C’est pourquoi, avec plusieurs de nos auditeurs, nous avons émis l’idée que l’inscription de notre île au Patrimoine mondial de l’UNESCO soit l’occasion de faire évoluer le concept de « sanctuarisation » d’un lieu vers son intégration dans la vie qui l’habite jusqu’à le caractériser et non pas dans le rejet de toute manifestation humaine. Sanctuaire ne doit pas rimer avec vide total…

Et puis, je ne pouvais pas, puisque nous parlions finalement de la place de l’Homme dans nos lieux protégés du « tout-gros-béton », ne pas citer ce jeune sportif mauricien de 17 ans, Christopher, et dont Edith Poulbassia, depuis le village de la C.J.S.O.I. à Saint-Denis, rapportait dans “Témoignages” d’hier la belle réflexion : « Il y a beaucoup de cultures ici, et elles ne se jugent pas ». J’avais lu et apprécié. J’ai donc rapporté. A vous d’en faire un sujet de discussion. Cela en vaut sans doute la peine…

Raymond Lauret


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