Il y avait de la pudeur dans son geste de réconfort et d’amitié

22 février 2007

J’avoue que c’est poussé par la curiosité bien plus que toute autre chose que ce mardi j’ai regardé “Antenne Réunion” avec en tête ce qu’avait dit Michel Rocard (“Le Nouvel Observateur” du 25 janvier dernier) sur la star de la soirée : « Quand je lis le superbe et scandaleux discours de Sarkozy - tous les hymnes qu’il faut à la République, à la laïcité, au travail, à la jeunesse et à l’avenir, mais rien sur le comment-faire, rien sur la paralysie d’un État ruiné, rien sur la crise mondiale d’un capitalisme frauduleux qui ne produit plus que de l’insécurité et de la précarité -, je comprends que la seule chance d’un avenir meilleur repose sur les frêles épaules de Ségolène ». Et l’ancien Premier Ministre de François Mitterrand avait rajouté : « Il va falloir renforcer sa vision et la défendre, un peu contre elle-même et beaucoup contre les médias ».
Mardi donc, je regardais Ségolène Royal face à l’auditoire qui avait “une question à lui poser”.
Disons le tout net : cela ne m’a pas déplu, bien au contraire.
J’ai l’ai trouvée bien sympa, avec sa petite voix qui semble dire qu’elle est naturellement comme ça, sans doute idéaliste, utopique et aussi fragile dans un monde où souvent, pour s’imposer, il faut savoir paraître. Elle ne fut donc pas bête de scène et ne cherchait pas à être autre qu’elle-même.
Quelqu’un qui l’avait vue 24 heures auparavant sur LCI l’a déjà dit : sur les questions sociales, elle fut bonne. Quand, par exemple, elle s’est avancée vers son interlocuteur qui, sur sa chaise roulante, venait de fondre en larmes, il y avait de l’émotion et du cœur, mais aussi de la pudeur dans son geste de réconfort et d’amitié. Les Français et notamment leurs compagnes ont certainement dû aimer.
Dans les idées qu’elle a avancées sur le rôle de l’Université, sur l’euthanasie (« oui, il faut avoir le courage de parler d’un problème délicat, car il s’agit d’apaiser les souffrances les plus intolérables... »), sur le SMIC à 1500 euros brut sur cinq ans comme signal fort (« car il faut être réaliste »), j’ai senti un sincère désir de faire quelque chose qui donne à celui qui ne la connaît pas l’envie de l’aider à persévérer. Un peu contre elle-même.
On l’a sent pleine d’idéal, d’utopie... fragile, je vous redis, un peu livrée à elle-même. Ainsi son appel à des « normes sociales que l’Europe aura à édifier » pour protéger ses États dans une mondialisation menée à la baguette par les super multinationales, n’était-ce pas admettre qu’il avait bien fallu à l’époque que triomphe le “non” ?
Et puis, quand pour s’exprimer sur « notre capacité à réformer l’aide directe aux pays pauvres pour en faire le levier de leur développement », rompant soudain avec la consigne qui lui avait sans doute été donnée, elle cessa de parler à “sa” première personne du singulier pour s’appuyer sur un “nous” bien plus mobilisateur et fraternel, quand, toujours à propos de l’Afrique, elle plaida pour un vaste plan en faveur des énergies renouvelables et notamment pour le solaire, quand elle plaça le train loin devant la route comme moyen économique et écologique d’un développement durable à s’imposer et à imposer, je me disais que si elle est élue, sûr qu’il faudra l’aider. Car elle est dans le vrai. Sans doute un peu seule, mais capable de parler vrai. Pourquoi ne pas le dire si en plus, comme on nous le laisse entendre, elle doit très bientôt maintenant approuver elle aussi le plan de développement de notre île...
Et puis - je ne pouvais qu’y être sensible -, j’ai bien noté son affirmation selon laquelle « on n’a pas besoin de champagne aux réceptions officielles » et que l’État doit donner l’exemple en réduisant le train de vie de ses serviteurs. J’ai même eu mardi soir l’impression que nous pourrions peut-être avec elle causer de ces indemnités totalement injustifiées que la Nation, décrets après décrets, distribue le plus légalement du monde à ceux et celles à qui il est demandé de seulement et surtout bien symboliser, dans le jeu des quorums imposés, une démocratie représentative totalement ringarde et bien onéreuse.

Raymond Lauret


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Messages

  • Le fond du sujet dans une campagne électorale est le projet de s.royal. C’est sur ce point qu’il faut juger...oui ou non prendra t elle les moyens FINANCIERS NOTAMMENT FISCAUX pour rompre avec la politique libérale qui fait tant de mal... oui ou non s’opposera t elle aux directives europeennes qui cassent et instaurent le dumping social et RESPECTER LE CHOIX DU PEUPLE FRANCAIS CONTRE LA CONSTITUTION LIBERALE...tout le reste est secondaire. C’est la premiere fois que je donne mon avis dans votre journal..
    Personnellement, en france depuis une quarantaine d’annees je ne vote pas ayant gardé ma nationalite algerienne. Mais ma sympatie va au pcf et à mg buffet candidate de la gauche populaire et antilibérale qui est la plus conséquente dans ses choix.
    Dans une émission sur canal + j’ai entendu le ministre des collectivites territoriales bras droit de sarkozy affirmer que le pc réunionnais votera pour sarkozy . .sincérement j’étais abasourdi, je ne comprends pas comment peut on etre communiste et voter pour sarko ?
    A moins que que ce soit de l’intox de la part de la droite...j’espère que c’est le cas.

    • Cher Aziz, je crois que tu as raison, dans internet et media et tv il y a de l´intox, moi je me moque de ce que dis ou ecrit tel ou tel ( si ca se trouve c´est un autre qui ecrit). Moi je vote marie, et tu as raison avec nos passeports c´est un probleme maintenant je suis francais et allemand, moi j´aimerai ne pas avoir de nationalites, comme cela il y aurait moins de problemes (enfin c´est ce que je crois ), par exemple les arabes ne pourraient etre contre les americains et le contraire. Bien sur que de mon education en france et de ma langue maternelle , je suis impregne, mais c´est pour cela qu´on doit s´en mefier. Imagine pas d´israeliens et de palestiniens, seulement vivre ou on habite ensemble. Ensuite, il y a aussi le probleme des religions et politique droite gauche. Moi je n´ai pas de religion, mais ceux qui sont croyants sont contre les autres religions, et ils pensent qu´ils sont ouverts. Pour la politique Rousseau a dit : "La liberte n´est pas de faire ce que je veux, mais de ne pas forcer l´autre a faire ce qu´il ne veut pas". Moi je voudrai vivre dans un socialisme democratique, mais doit-on faire 2 mondes , car si un autre veut vivre dans le monde capitaliste que faire ? Et avec des arguments, etc... l´etre humain est egoiste. Et on a 4 candidats a gauche pour cette election ! Bien a Vous J-F


Témoignages - 80e année


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