J’accuse tout de même...

20 octobre 2004

Relatant la semaine dernière l’instant où était arrêté, pour être conduit au commissariat, le jeune assassin d’Ingrid Torpos, un journal local prête à ce dernier les propos suivants adressés aux policiers qui venaient de lui passer les menottes : "J’ai fait ce que j’avais à faire. Faites maintenant votre travail..."
On ne peut qu’être frappé par toutes les significations qu’il y a dans de telles paroles lancées dans une telle circonstance.
Comment, quand on n’a que 20 ans et qu’on a donc toute la vie devant soi, qu’on est comme tout un chacun constitué pour être capable de surmonter toute déception amoureuse et en guérir, oui, comment peut-on préméditer un tel crime et le commettre avec la conscience de faire “ce qu’on avait à faire” ?
"J’ai fait ce que j’avais à faire... Faites maintenant votre travail". Cette phrase, m’a dit une proche, est exactement la même qu’a prononcée, au terme d’un film projeté il y a peu de temps, un jeune qui venait de tuer froidement.
Oui, je sais, on me dira que la faculté de juger est, avec le rire, le propre de l’homme ;
Qu’elle est même le fondement de sa liberté ;
Qu’il importe donc de respecter cette faculté et de faire confiance à l’homme pour qu’il mène sa vie en pleine responsabilité ;
Qu’en conséquence, on ne peut pas accabler la télévision qui fait entrer dans tous nos foyers, à n’importe quelle heure, des images qui vulgarisent le sang arraché à sa fonction première et qui banalisent le mépris pour la vie des autres en même temps que le respect des différences d’appréciation que des êtres différents peuvent avoir d’une même chose.
J’accuse tout de même les télévisions du monde entier de manquer d’attention dans ce qu’elles produisent et diffusent. Je les accuse d’être en grande partie responsables de la mort des jeunes filles, assassinées parce qu’elles ont voulu changer d’avis pour vivre leur vraie vie.
Et puis j’accuse aussi ceux qui permettent que des armes qui tuent soient librement entre les mains de gens désorientés...

Raymond Lauret


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