J’ai pensé que ce serait manquer tout simplement d’honnêteté politique...

31 janvier 2005

(Page 2)

Au moment, hier dimanche, de prendre mon stylo pour mon billet de ce jour, j’ai tout d’abord eu en tête la déclaration de Laurent Fabius appelant la veille le Parti socialiste à s’ancrer résolument à gauche et "à devenir un parti du rassemblement à gauche".
Bigre !!! C’est réconfortant n’est-ce-pas que notre concept, baptisé par certains - rappelez-vous - de "mauvais zembrocal" il n’y a pas si longtemps, gagne du terrain et que l’idée, de notre île à d’autres mondes, fasse assez rapidement son petit bout de chemin...
Et puis j’ai pensé que, dans le cadre de cette tribune libre, Fabius pouvait attendre demain, même s’il faudra lui demander de ne pas forcément circonscrire la notion de rassemblement à sa seule famille, fut-elle de gauche !

Oui, j’ai pensé que ce serait manquer de sens de l’actualité, et tout simplement d’honnêteté politique, en faisant comme si la mise en examen récente de la présidente de l’Office de tourisme d’une ville qui m’est chère à plus d’un titre était une simple anecdote de nos faits divers, qui trouverait son épilogue le moment arrivé devant la chambre d’un tribunal correctionnel.
L.T.T., journaliste du “JIR” qui ne craint pas de faire dans l’investigation, rapporte des extraits du procès-verbal d’audition de la personne en cause. Celle-ci, semble-t-il, reconnaît spontanément ce qui lui est reproché dans le cadre de l’enquête de police. Elle balaie donc elle-même la présomption d’innocence, tout en laissant apparaître une candeur qui en dit long sur son incroyable inconscience quant à la gravité de ce qu’elle a pu faire. Cette spontanéité plaidera, je le suppose, en sa faveur lorsque seront évoquées les circonstances atténuantes. Je le lui souhaite.

Je connais bien cette personne, l’enthousiasme qu’elle mettait à remplir ce qu’elle considérait comme étant sa mission militante et la réussite qui avait couronné son engagement. Ce qui lui arrive est un gâchis non seulement pour elle, mais aussi pour le tourisme dans la dimension qu’on avait choisi de valoriser. Et si la ville s’en relèvera, pour elle ce sera plus difficile.
Elle était conseillère municipale. Simple conseillère municipale. C’est-à-dire qu’elle était, au contraire des maires et des maires-adjoints ou adjoints spéciaux, comme la loi le prévoit pour toutes les villes de France et de Navarre, une élue non indemnisée.
Elle était une élue non indemnisée et elle croyait, à tort ou à raison, qu’elle remplissait bien plus de fonctions et fournissait bien plus de travail que bien des élus rémunérés de sa commune, de sa communauté d’agglomération ou de son pays tout entier.
On pourra toujours dire qu’un Office de tourisme dans une ville de 20.000 habitants, ce n’est pas le bout du monde. Ce n’était pas son appréciation et, sans doute, s’obstinait-elle à comparer tout ce qu’elle faisait avec tout ce que beaucoup d’autres ne font pas. Et là est le problème, là est la honte de notre République.

Notre responsabilité à chacun n’est-elle pas engagée ? N’avons-nous pas à dire qu’il n’est pas normal et qu’il n’est pas sain pour la démocratie et pour notre idéal républicain que l’on paie très confortablement le titre, qu’importe si la fonction n’existe pas ?
Nous avons à le dire, à en débattre avant que les agents que nous employons dans nos collectivités ne comparent leur bulletin de salaire à nos fiches d’indemnités. Nous avons à en débattre avant que Jean-Hugues, Jean-Pierre, Georges, Marise, Alix, Monica ou d’autres ne posent à un autre niveau un problème pour lequel ils se sentent mandatés...

R. Lauret


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus