J’aurais la faiblesse de le penser... car c’est la moindre des choses

13 octobre 2006

On a beau savoir que le président de la Ligue Réunionnaise de Football est un habitué des propos à l’emporte pièce, qu’il a un franc-parler qui peut déranger, qu’il lâche ce qu’il pense et qu’il ne se préoccupe pas toujours, pour ne pas dire jamais, des blessures qu’il peut alors causer : oui, on a beau savoir qu’avec Yves Éthève, on a à faire à un “roturier” qui ne pensera plus demain ce qu’il vous a lancé à la figure hier, les paroles qu’il a jetées dans le microphone de Flavien Rosso (voir “Le Quotidien” d’hier jeudi 12 octobre) ne sont pas admissibles.
À la question du journaliste : "Président, que vous inspire le rejet de l’appel portois ?" (il s’agit de la procédure que la Jeanne d’Arc a lancée devant la FFF contre la qualification d’un joueur de la Tamponnaise...), Yves Éthève a répondu ceci : "Ça m’inspire que lorsque des gens qui viennent d’ailleurs, qui sont formés aux Antilles, viennent pour nous donner des leçons, ils feraient mieux de rester chez eux. Nous, on ne va jamais expliquer telle ou telle chose aux Antilles, alors qu’ils nous laissent tranquilles".
C’est, à n’en pas douté, ce qui a été dit mot pour mot.
C’est lamentable... il n’y a pas d’autres termes. C’est lamentable, énorme, inacceptable.
La personne insultée est originaire des Antilles. Elle habite à La Réunion. C’est un français. Comme vous, comme moi. Cette personne est membre d’une association affiliée à la F.F.F. Personne n’a le droit de lui reprocher de ne pas être né ici et en tout cas d’en faire un motif de suspicion quant à l’opinion qu’elle peut avoir sur tel ou tel problème qui concerne son association et pour lequel elle demande l’arbitrage de sa Fédération.
Que cette personne et son club se soient trompés au regard de la réglementation, il appartient - ce qu’a fait la Fédération - qu’ils soient déboutés dans leur appel aux instances fédérales. Que le dirigeant, parce qu’il n’est pas né dans notre île, soit invité à “rester chez lui, à nous laisser tranquilles, de ne pas venir nous donner des leçons”, ce n’est pas acceptable. Là, les bons mots de Yves Éthève ont les relents de xénophobie. Ils puent.
J’ai cependant la faiblesse de croire qu’Yves Éthève ne peut pas être un raciste. J’ai la faiblesse de penser qu’il est un impulsif qui n’a pas apprécié que, dimanche, un groupe d’imbéciles, qui doivent se dire supporteurs de la Jeanne, ait mis dans un coin du stade du Port un cercueil avec dessus une inscription obscène. Georges Lambrakis ne mérite pas ça.
Sergio Erapa s’en est excusé publiquement (voir le JIR de mercredi). Il a exprimé son total désaveu de tels procédés, stupides, grossiers, indignes du sport et de l’image que la Jeanne d’Arc a partout dans l’île.
Yves Éthève, j’aurais la faiblesse de le penser, et je le dis, doit s’excuser. Publiquement. C’est la moindre des choses.

R. Lauret


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