Avouez-le : vous aussi, vous avez pensé le week-end dernier que le Tour de France 2006 pouvait avoir été celui du recul du dopage. Vous aussi, vous avez souscrit à l’idée que "cette horde de seconds couteaux quasiment inconnus du grand public qui a pris le pouvoir" avait réellement fait "oublier le haut du premier peloton mondial renvoyé dans ses foyers manu militari la veille du départ" pour fait de dopage. Vous aussi, vous avez cru que "le Tour de France et plus généralement le cyclisme professionnel se sont une fois pour toute débarrassés de ce qui a jeté le doute sur les performances de certains de leurs “géants” soupçonnés, voire confondus de dopage plusieurs années après leurs exploits".
Oui, avouez le : vous avez aimé qu’il se soit trouvé deux journaux - le “JIR” et “Témoignages” - pour y croire avec vous. Car ce cyclisme qui se shoote à toutes sortes de saloperies que des experts de la seringue arrivent à introduire la nuit dans les chambres des hôtels, cela n’est pas le cyclisme dont nous applaudissons volontiers les champions.
Ce qui fait que, l’an dernier, nous avions pesté contre ce qui semblait être l’offense faite à Lance Armstrong dont un contrôle fait en 1999 s’est révélé, en 2005, être positif. S’il faut 6 ans pour que nos chefs de cliniques viennent à bout des filouteries des alchimistes du sport, autant jeter l’éponge !
Il y eut des gestes forts de la part des organisateurs et des déclarations d’intention sur les coureurs. Nous y avions cru, les yeux toutefois grands ouverts devant certaines performances.
Le Tour passa. Et puis, stupeur !
Non, Victoire ! Victoire avec un grand V ! Il n’a pas fallu une semaine pour que le vainqueur de 2006 soit confondu et que sa brave maman avoue à sa manière : "Quand, comme mon fils, on arrive au sommet, la tentation est forte... mais si cela a effectivement eu lieu, sachez que je l’aime autant que s’il avait gagné".
Voilà une mère qui, c’est le moins qu’on puisse dire, connaît bien son fiston... et sait dire sévèrement les choses avec tact.
Deux morales sont à tirer de tout cela : tout d’abord, la lutte contre le dopage est bel et bien engagée et, fussent-elles américaines, les piqûres les plus savantes sont découvertes par le contrôle anti-dopage. Merci à Marie-George Buffet, merci au mouvement sportif. Ensuite, il y aura sûrement de par le monde d’autres mamans qui ne vont pas, face à l’évidence et parce qu’elles les aiment vraiment, chercher à blanchir leurs rejetons.
Et puis, comment ne pas souligner la condamnation qui dépasse largement la seule personne de Floyd Landis pour viser toute l’arrière-boutique d’un sport où le poids du fric est aujourd’hui dominant.

Raymond Lauret