Je les vois sur la route du littoral, quand moi je me bloque à 90 km/h...

9 mai 2005

(Page 2)

De nombreux Réunionnais, à l’heure où j’écris ce libre propos, sont dans la peine et la douleur : un des leurs, proche parent ou ami très cher, a été une des nombreuses victimes des accidents de la circulation qui ont endeuillé nos routes ces jours-ci.
À côté d’un cercueil ou dans une chambre d’hôpital, là où un corps toujours vivant lutte pour garder la vie et retrouver ses moyens, ceux qui “ont appris la nouvelle” et qui se sont précipités en larmes sur les lieux du drame, ne peuvent pas ne pas ressentir un sentiment de colère qui, petit à petit, s’apaisera lorsque les leçons qu’il nous faut tirer de ces drames nous seront accessibles. Je pense à toi, Serge et à ta grande fille qui, Dieu merci, va s’en sortir...
Pour avoir roulé à 81 km/h là où, sur le boulevard Sud à Saint-Denis, la vitesse est limitée à 50, j’ai pris 2 points et 90 euros. Je n’ai jamais cherché à me justifier même si j’ai suggéré aux autorités d’uniformiser les vitesses maximales sur “grandes voies” périurbaines. Pourquoi 50 km/h ici et 70 km/h, avec radar en plus, sur le front de mer de la capitale où cela marche très bien. Les remarques acerbes du genre : "les automobilistes sont des gens responsables"... "pourquoi leur imposer de rouler aussi lentement"... "c’est un pousse-à-rouler-au-dessus-de-votre-foutu-chiffre"... "vous allez provoquer les embouteillages"... j’en passe et des meilleures : ces remarques acerbes ont fait leur temps. Aujourd’hui, on apprécie ce 70 km/h. Cela éduque.
Cela éduque certains, cela éduque beaucoup d’entre nous. Cela n’éduque pas tout le monde. Il y a encore des irresponsables - parfois simplement, hélas, des abrutis - qui sont “pressés”. Je les vois sur la route du littoral, quand je me bloque à 90 km/h, qui dépassent la file longue et pourtant bien roulante de ceux qui jouent la carte du respect de la vie des autres !
Je les vois et je peste. Je peste contre eux et leurs chevaux-vapeur abusivement et inutilement exhibés comme si ceux qui ont inventé, ceux qui ont vulgarisé et ceux qui vendent les voitures avaient voulu ou veulent vendre des engins de désolation !
Une voiture est un petit bijou que nous avons la chance de posséder. Mais un petit bijou qui est dangereux si on ne respecte pas les limites qui sont les nôtres. Mais un petit bijou qui est dangereux si on ne le respecte pas pour ce qu’il est, c’est-à-dire un compagnon utilitaire et même parfois tout simplement utile.
Alors ?
Alors, je le dis - un peu naïvement, mais de la seule façon que je sais faire -, je le dis aux pères et mères, aux frères, aux sœurs et aux amis de ceux qui viennent d’être tués ou gravement blessés, de s’y mettre eux aussi : pensons à respecter ces vitesses imposées, même si nous pouvons estimer qu’elles sont trop limitées. Un simple petit calcul nous montre que l’on “peut” gagner 2 minutes entre le Port et Saint-Denis à “monter” de 20 kilomètres/heure les 90 autorisés. Cela en vaut-il la peine ? Oui, vraiment, cela en vaut-il la peine ?
Je le dis aussi aux autorités, ne relâchez pas vos efforts. Amplifiez les... Vous n’en ferez jamais trop s’il s’agit de changer nos foutues mentalités.
Aux autres, à beaucoup d’autres, je propose que l’on valorise, dans les campagnes de pub, la sagesse au volant. Quelqu’un le fait déjà. C’est bien, ce n’est pas suffisant...

R. Lauret


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus