Je lui ai trouvé de la classe

19 juin 2007

On se disait bien que cela se terminerait sans doute ainsi. Trop d’indices étaient apparus, avec plus particulièrement la sortie, il y a un peu plus d’un mois, de “La femme fatale”, le livre écrit par deux journalistes du “Monde”. On savait que ça n’allait plus très bien dans le couple Royal-Hollande. Arnaud de Montebourg ne l’avait donc pas faux quand il laissait entendre que « le problème de Ségolène, c’est François ».
Aux lendemains de la Présidentielle du 6 mai, la finaliste malheureuse était partie, accompagnée seulement de ses enfants se reposer en Afrique du Nord. Elle l’avait fait savoir, avec tact et moult délicatesses, provoquant ainsi un élan de réserve chez les observateurs pourtant friands de ces petites choses de la vie privée des gens et qui font tellement grimper l’audimat ou le chiffre de vente des journaux.
Tout s’est passé comme si la bataille qu’elle avait menée contre Nicolas Sarkozy, et, dit-on, dans une certaine mesure contre également “les éléphants” de son parti, lui avait attiré la sympathie de l’opinion publique et des médias. C’était la frêle petite femme qui s’est imposée malgré les autres et malgré bien d’autres. Elle avait perdu certes, mais en se hissant tout de même à 47% face à un candidat particulièrement rodé aux rendez-vous à succès.
Elle rentra donc de vacances, ses forces reconstituées et se retrouva en campagne avec les candidats de son parti, là où on avait besoin qu’elle vienne en soutenir pour les Législatives.
Elle eut donc le premier tour du 10 juin et ses résultats qui ne poussaient pas à l’optimisme. Tous les observateurs voyaient une vague bleue énorme comme un tsunami qui allait balayer les roses, les rouges et les oranges et ne leur laisser que des miettes au Palais Bourbon.
Elle ne dit mot, sinon pour exalter ceux qui lui avaient fait confiance le 6 mai à venir tenter d’endiguer des flots qui auraient privé la France d’une force correcte d’opposition parlementaire.
Et il y eut ce dimanche 17 juin, à l’heure où les dés étaient jetés et où les jeux étaient faits. Elle rendit publique, sans emphase, sobrement, la nouvelle qui ne surprit personne : un livre va bientôt sortir, écrit de sa plume et qui dirait tout sur « Les coulisses d’une défaite »...
Et comme cela devient évidence, elle précisa que désormais on ne présente plus François Hollande « comme son compagnon ».
Elle était émouvante, voix calme, ton posé. Je lui ai trouvé de la classe, quand elle confia dimanche soir : « J’ai demandé à François Hollande de quitter le domicile, de vivre son histoire sentimentale de son côté... on est en bons termes, on se parle, il y a du respect mutuel... »
J’ai alors pensé qu’elle a dû souffrir durant les mois de campagne, à porter son lourd secret, sachant qu’elle aurait, le moment venu, à le dire à toutes celles et à tous ceux qui allaient lui faire confiance et donc obligatoirement à toute l’opinion publique
C’est alors que j’ai vu qu’elle avait finalement aussi du caractère. Du caractère, mais pour aller où ? Et pour construire quoi ?

Raymond Lauret


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