Je n’irais donc plus au Bourget...

21 septembre 2005

Drôle de monde que celui dans lequel nous vivons !
il y a une quinzaine d’années, soucieux que le cimetière paysager du Port “décolle” sur de bons rails, je m’étais laissé entraîner vers “le grand salon de l’art funéraire” au Bourget à Paris. J’ignorais ce que je pouvais y découvrir. J’y allais donc, avec l’espoir que “le grand jardin” que la municipalité portoise avait dédié à ses défunts en tirerait profit.
Sur plusieurs hectares au Parc des expositions du Bourget, je découvris que la mort est un extraordinaire champ d’investigations pour le business : les pierres tombales peuvent vous coûter une fortune, les corbillards peuvent aller, façon de parler, de la 2 chevaux à la Ferrari décapotable, que les plaques d’indication de l’identité des défunts peuvent faire du simple au quintuple et que même les poètes sont sollicités pour proposer “au marché” de la mort des textes qui, de l’un à l’autre, vous coûtent des sommes bien différentes mais toujours conséquentes.
J’en revins en me disant que même la mort a ses fossoyeurs de nos porte-monnaie et qu’il convenait qu’on s’en méfie ! Je n’irais donc plus au Bourget pour des choses comme ça !
Je viens d’apprendre par ailleurs, par une invitation qui m’a été adressée, que la semaine prochaine, quelque part en Irlande, se tient le Salon (mondial s’il vous plaît...) des toilettes ! Oui, des toilettes ! Des cabinets, si vous préférez...
Pour aider les citoyens qui ont un besoin à satisfaire dans nos villes, il faut désormais aller au Salon ! On se gratte la tête ! Quelles masses financières vont être brassées à cette occasion ? Je ne parle pas ici des commandes qui y seront passées. Je pense à tout ce que les visiteurs du monde entier vont dépenser pour venir observer (et admirer ?!) les bidets ergonomiques, les lave-fesses qui vont avec, les vespasiennes, les cabinets broyeurs et immanquablement les distributeurs de rouleaux de papiers hygiéniques de la toute dernière mode ! C’est que l’invitation n’a pas épargné un seul pays au monde. Car s’ils ont été capables de trouver mon adresse, vous pensez bien que ce sont des centaines de milliers d’imprimés d’inscriptions et de réservations de chambres d’hôtels qui sont partis. À 60 centimes d’euros le timbre, sûr que La Poste a réussi un joli coup.
Pendant ce temps, grâce à Internet, les réseaux d’escrocs internationaux peuvent avec une facilité déconcertante écumer ce que le monde compte de gens un peu naïfs. Jérôme Natio, un jeune Réunionnais de 23 ans et 4 autres de ses copains, tous fraîchement sortis de l’Université, viennent de se faire arnaquer de près de 100.000 euros. Sur site Internet, ils sont tombés sur un Ivoirien et sa société “Dongo Farm’s”, sise à San Pédro, en Côte d’Ivoire. L’homme, avec la contribution complice ou pas d’un cabinet d’avocats, leur a fait miroiter le contrat du siècle. Ils ont signé, en toute confiance. Et ont apporté leur contribution à une affaire qui, maintenant qu’ils savent où ils ont mis les pieds, leur laisse un goût amer et l’envie de rompre son cou à celui contre lequel ils sont allés déposer plainte. Je leur ai conseillé d’en parler à la presse, histoire que d’autres ne se font pas avoir à leur tour. Leur leçon servira-t-elle ? Souhaitons-le.
Le hic, c’est que le Salon de l’art funéraire du Bourget fait chaque année et malgré tout, toujours son plein de monde et que, dans quelques jours à Belfast, on se bousculera autour des cabinets dernier cri !
Faudra-t-il, en conséquence, un jour conclure que les escrocs sur Internet ont encore de beaux jours devant eux parce que les naïfs seront toujours d’incontournables et de faciles pigeons ?

Raymond Lauret


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