Je ne sais pas, Maïlys, si le bon Dieu...

28 juillet 2007

Je ne sais pas, Maïlys , s’il existe pour toi et pour tes frères et sœurs de race un coin comme celui que les croyants appellent « Paradis »... Je ne sais pas. Mais j’ai soudain un doute.

Quand il a créé la Terre et des hommes pour l’y habiter, le bon Dieu ne pouvait ignorer qu’un peu de la divine poussière allait aussi donner naissance à toute une chaîne de vies, munies de pattes pour marcher, de bouches pour se nourrir, d’oreilles pour entendre. Il ne pouvait pas non plus ignorer qu’alors, Il donnait même à certaines de ces vies des pattes et aussi une gueule et encore un odorat pour que soient secourus par temps de séisme des hommes en danger de mort. Il ne pouvait pas ignorer qu’Il leur donnait des oreilles pour qu’elles écoutent elles aussi le monde qui parle et qui, parfois, a besoin d’un peu d’affection.

Il ne pouvait pas ignorer, le bon Dieu, qu’Il avait ainsi donné vie à de fabuleux amis qui tiendraient compagnie à des aveugles, à des dames âgées, à leurs enfants et aux petits-enfants et qui se mêleraient à leur vie de chaque jour.

Tu vois, Maïlys , lorsque je t’ai connue pour la toute première fois, je t’avais pris pour un chien. Un beau chien, bien sûr, avec tes longs poils noirs, tes yeux brillants et tout de douceur. Mais seulement un chien... une chienne, plus précisément... comme j’en voyais d’autres, dans la rue, dans des cours de gens, sur les pas de chasseurs ou à se faire promener tenus en laisse par leurs maîtres.

Et puis, peu à peu, je t’ai regardée avec un autre regard. L’affection dont tu étais l’objet m’interpellait... Celle dont tu étais capable aussi. Petit à petit, je sus m’expliquer que je pouvais et que je devais dépasser ce qui me semblait appartenir à l’irrationnel. J’ai moi aussi appris alors à te connaître, peut-être même deviner à quoi tu pourrais penser.

La place que tu occupas dans la vie d’un jeune homme et de sa mère, dans celle de son épouse et de leurs petits-enfants, aura été d’une authentique beauté. Ils surent toutes et tous parler à ton intelligence et sans doute à ton âme. Et leur tristesse était immense quand, mercredi, tu es morte.
Ton départ de cette Terre nous a permis de nous rendre compte que l’égoïsme des hommes conduit notre société à tenter, quand la question se pose à elle, de se réfugier dans une bien gênante et feinte indifférence.

Combien de tes frères de race qui partagèrent dans de belles familles d’hommes et de femmes la place d’enfants et de frères n’ont pas de sépulture, un simple lieu où, tout naturellement, leur souvenir demeurerait ? Oui, combien ?...

Merci, Maïlys , de nous avoir, à ta manière, rappelés à notre devoir d’humanité vraie...

Raymond Lauret


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus