Jean-Jacques Henriette et Paul Fotsé…

14 septembre 2009

Jean-Jacques Henriette était un ami. Nous ne nous voyions pas souvent. Mais il savait, et moi aussi, que chacun de nous était là, toujours prêt à répondre à toute sollicitation pour tel ou tel problème qu’il urgeait de poser ou de régler. Nous n’appartenions pas à la même chapelle politique, quoique il faudra bien que l’on admette un jour que, plus souvent qu’on ne le croit, il n’est point besoin de fréquenter les tables des mêmes partis pour partager beaucoup des mêmes idéaux de justice et de partage dont notre humanité a besoin. Je veux ici le dire : lui et moi, à notre petit niveau, nous l’avons montré…
Jean-Jacques, je l’ai connu à l’époque où, élu chargé du Sport à Bras-Panon, il eut à favoriser l’émergence d’un OMS digne du mot d’ordre que Jean Guimier, alors secrétaire général de la FNOMS, avait lancé à Amiens en 1968 : « le Sport pour tous et toutes, et le plus haut niveau possible pour chacun ». Avec son éternel sourire de garçon qui savait laisser la manie de la critique aux « faut qu’on » et autres « y a qu’à » qui n’ont pas la responsabilité de faire avancer les choses, il abattit un énorme travail. Je suis heureux d’avoir été de ceux avec qui il discutait de tout ce que, les uns et les autres, nous avions à entreprendre, chez nous et dans un souci de coopération intercommunale. Ce Vendredi 11 Septembre, chez lui, entouré de ses amis et de son immense famille dans la grande église qui semblait bien petite ce matin-là, il devait ressentir le bonheur des gens qui ont appris à se contenter de peu en entendant la chorale et la foule murmurer à la réflexion de chacun qu’« Il n’a pas dit que tu coulerais, Il n’a pas dit que tu sombrerais… Il a dit : allons de l’autre bord ». Puisse le souvenir que nous laisse Jean-Jacques inspirer ceux et celles dont Bras-Panon et toutes les communes de notre île ont besoin, aujourd’hui plus que jamais, aujourd’hui où tout est tellement plus difficile encore.
Depuis vendredi dernier, des dizaines de voix ont rappelé les qualités du militant associatif et politique que fut Paul Fotsé. Comme l’ensemble de mes collègues conseillers régionaux, je ne suis pas près d’oublier son acharnement à placer les Droits de l’Homme au cœur de son engagement d’élu. Pas une plénière sans qu’il ne présente une motion sur tel ou tel de ces problèmes qui minent notre société : en tout premier lieu, la violence que subissent de nombreuses femmes, et aussi les retards de notre carte hospitalière ici ou là, ou encore la nécessité d’assurer une meilleure liaison routière entre l’Est et le Sud de l’île.
Bien sûr, sa bouillante impatience a plus d’une fois débordé et nous nous sommes alors opposés. Bien plus sur la forme que sur le fond. Car comment aurions-nous pu ne pas être pleinement d’accord sur l’essentiel de son discours d’« homme d’une grande générosité qui, pour reprendre les propos de Dominique Fournel, nous laisse en héritage cette exigence d’humanisme qui doit demeurer au cœur de toute action » ? Comment ne pas partager l’opinion du président de la Région quand il souligne que « au-delà des divergences politiques, c’est avant tout l’intérêt général et l’avenir de La Réunion et de sa jeunesse qui le préoccupaient » et qu’« à travers son engagement politique, il défendait souvent les valeurs de solidarité et d’humanisme qui le guidaient d’ailleurs tant dans sa vie politique que professionnelle » ?
Trois jours avant son hospitalisation, il avait participé au Conseil d’administration de l’EPFR où il siégeait au titre de la Région. Avec un ami, nous avions senti ce jeudi 3 Septembre que son regard débordait du besoin d’être compris comme étant un responsable qui entend lui aussi partager les inquiétudes de ceux qui ont à prendre les décisions qui peuvent ne pas être populaires. Ressentait-il en cet instant qu’il pouvait peut-être participer alors à son dernier CA dans nos locaux de La Mare et que, sans que nous ne nous en rendions compte, il était venu nous dire adieu ?

R. Lauret


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