Jimmy a une mère...

26 mai 2006

Jimmy, c’est ce jeune homme détenu à la prison de la rue Juliette Dodu et qui, en début de semaine, s’était fait la belle au lieu d’attendre tranquillement que vienne le jour pour lui d’en sortir à la régulière, c’est à dire dans quelques petits mois...
Son escapade a duré vingt quatre heures, le temps pour lui de venir embrasser sa mère, un peu content, un peu honteux, un peu perdu aussi assurément. L’occasion pour celle qui l’a mis au monde de le raisonner et de le décider à retourner purger sa peine...
Passons sur son audition, mercredi devant le tribunal et les journalistes... Passons sur son récit de ce qui aura été l’appel du large dont le jeune homme a été l’objet et... la victime. Passons pour seulement retenir qu’il y a une “vie sociale” en prison, que "des colis sont “envoyés” par les familles depuis la rue par dessus le mur", que les colis renferment un peu de tout ("zamal, nourriture, téléphone portable, cigarettes"), qu’ils tombent dans les filets posés pour interdire les passages de toutes origines. “La vie sociale”, c’est alors l’organisation de la récupération des précieux colis... “Quelqu’un” est désigné pour l’exercice. Ce jour-là, c’était à lui. Arrivé en haut, Jimmy n’a pas su résister. Il a vite trouvé la faille et s’est sportivement retrouvé de l’autre côté, libre... pour quelques heures.
Jimmy, c’est donc ce jeune homme qui vient de vivre une amère expérience : mercredi, il a vu son temps de prison prendre 8 mois ferme supplémentaires.
Jimmy a une mère. Et l’autre soir, devant ma télévision, je regardais cette dame. Elle avait tenu à venir au tribunal, toute de noir vêtue. Elle assistait, au fond de la salle, à l’audition de son fils, sans illusion je suppose pour le verdict qui tomberait.
Je la regardais puis l’écoutais expliquer devant la caméra, à La Réunion entière, que son fils ne savait pas dire “non” et que, désigné pour aller récupérer les colis de tout le monde, il s’était exécuté, comme sans doute, par le passé, il avait “suivi la bande”, puisqu’il... ne sait pas dire “non”.
Je regardais cette femme dont on peut croire qu’elle n’est pas, loin s’en faut, d’un milieu aisé. Je regardais et écoutais cette mère et ne pouvais m’empêcher de souhaiter qu’un jour elle connaisse des moments de simple bonheur. Dimanche, il lui manquera un appel quand l’heure sera pour tous les enfants de dire "Bonne fête" à celles qui les ont mis au monde. Y pensera-t-elle ? Aura-t-elle le cœur à çà ?...
Cela ne changera rien à votre peine, chère Madame. Permettez, cependant, que je vous embrasse...

R. Lauret


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