Comme tous les Français, je suis resté sans voix devant les épouvantables révélations de l’hebdomadaire “Le Point” sur l’atmosphère sordide dans laquelle croupissent nos collèges : insultes, violences, racket, racisme, machisme, dégradations, indiscipline, irrespect, violation permanente de la loi et du règlement...
Comme tous les Réunionnais, j’ai été pris de vertige devant la part disproportionnée que prenaient les collèges de l’île - jusqu’aux plus insoupçonnables d’entre eux - dans cette bacchanale dégradante de vices et de péchés qui constitue de toute évidence le quotidien de nos établissements scolaires...
Certes, le choc a été rude. Certes, notre détresse est sans fond. Mais au moins, me suis-je dit, qu’à quelque chose malheur soit bon : prenons conscience de l’ampleur du désastre, et remercions la presse bourgeoise et les mille bonnes feuilles qui l’ont relayée d’un même clairon, d’avoir osé dénoncer ce qu’a de répugnant l’école du peuple, cet entassement de morveux sans discipline et sans scrupules, de donzelles nombrils au vent et strings tiré jusqu’aux omoplates, de gnomes boutonneux constellés de piercings jusqu’au tréfonds de la glotte, sous l’égide d’enseignants réduits au rôle d’ectoplasmes apeurés et incompétents, quoique gavés de vacances et de surrémunérations.
On comprend mieux, maintenant, pourquoi le bon M. de Robien vient de supprimer 7000 postes à la rentrée, pourquoi l’espèce des surveillants d’externat et maîtres d’internat est en voie de connaître la même évolution que celle des dinosaures, pourquoi les constructions de collèges ne feront plus partie désormais des priorités retenues dans l’attribution des fonds européens : on voit mal pourquoi, effectivement, nos généreux capitaines d’industrie se décarcasseraient à conquérir les marchés mondiaux, si les richesses nationales si durement acquises ne servent qu’à financer la survie, sur leurs tas d’immondices, de ces dépotoirs sociaux. Et surtout, grand Dieu : que faire de nos enfants ?...
Mon vieux fonds marseillais m’ayant poussé à m’en remettre à la Bonne Mère, celle-ci m’a suggéré de m’adresser aux Bons Pères ( il ne vous aura pas échappé que c’est exclusivement au sein de l’école publique que le crime sévit), et j’allais le faire quand une indiscrétion m’a rendu destinataire d’un rapport, resté secret celui-là, sur un collège on ne peut plus prestigieux, et qui, loin du cloaque laïque du peuple d’en bas, accueille exclusivement ceux qui le dirigent. Nous l’appellerons Collège de France.
On y apprend que derrière le vestiaire des filles, le grand Dominique a agressé le petit Nicolas en le traitant de prévaricateur et de cocu ; que loin d’être puni par le Principal, il a été nommé Délégué de classe, et qu’il a déclaré tout fier, en frappant sa poitrine bodybuildée de ses petits poings nerveux, que "La France a envie qu’on la prenne, ça la démange dans le bassin !", puis il s’est retourné vers le malheureux Nicolas en le traitant de "nain", de "nabot" et en prime de "fasciste" qui "n’a rien dans le pantalon" (*) . On y apprend qu’un grand escogriffe de redoublant, Alain, jadis lui-même délégué de classe, a été exclu par le Conseil de Discipline pour fraudes et emplois fictifs, et que, sitôt sa peine purgée, il s’est pointé au portail et attend à la sortie, une bouteille de bordeaux à la main, ceux qui l’ont dénoncé. On y apprend qu’un autre redoublant, un balourd surnommé "Raffa-rien" par ses camarades, viré du bahut après avoir mis la Caisse des Ecoles en faillite, cherche aujourd’hui à se faire élire président du Conseil d’Administration, pendant qu’un petit caïd du nom de Jean-Marie, embusqué derrière le bloc sanitaire avec sa bande, ronge son frein en attendant de faire main basse sur l’administration de l’établissement, en promettant de radier des listes tous ceux qui ne sont pas originaires du quartier. On y apprend d’ailleurs que pour lui couper l’herbe sous les pieds, Nicolas, chargé par le Principal de surveiller les entrées et sorties du collège, fiche préventivement à la porte un maximum d’élèves, au motif évident que nul n’a le droit de se trouver n’importe où s’il a la possibilité d’aller ailleurs.
Pour compléter le tableau, on apprend que le Chef d’Etablissement lui-même, dénué d’autorité mais portant beau et menant grand train, auto-surrémunéré autant qu’on peut l’être, ne se promène dans les couloirs du collège qu’accompagné d’un grand tintamarre de casseroles. Qu’il achève dix ans de direction sans avoir réussi à rédiger le moindre projet d’établissement, et qu’il a plongé nos Universités dans les tréfonds du classement mondial, après les avoir privées des crédits et des personnels dont elles avaient le plus grand besoin. On y apprend enfin que la seule vraie constante de son activité pédagogique a été de chercher à réduire la fracture sociale en tapant sur le cul des vaches, et à l’occasion sur celui de quelque Jupette de passage.
Par où l’on voit que si l’école du peuple n’est pas au mieux, celle des élites n’est, en fin de compte, guère plus ragoûtante. Le Point pourrait confier à la sagacité de ses grands reporters ce sujet d’enquête on ne peut plus pertinent : qu’est-ce qui serait le plus profitable à la Nation dans les mois qui viennent : changer de peuple ou changer d’élites ?
Raymond Mollard
(*) Citations intégrales de “La tragédie du Président”, de Franz-Olivier Giesbert, p 382-383.
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