L’A.F.D. : un engagement réconfortant

6 juillet 2007

Dois-je regretter de ne pas voir suivi après le Baccalauréat de longues et solides études universitaires ? Ou bien me faut-il emprunter à Joseph-Ernest Renan, pour me l’approprier, l’opinion qu’il offrit à notre réflexion et selon laquelle, à l’instar d’une grande figure dont il écrivit la vie, il importe de « conserver cette franche naïveté qu’affaiblit toujours une culture étendue et variée » ?

Je m’interrogeais en feuilletant l’épais document que l’Agence Française de Développement (A.F.D.) a réalisé au titre des “contributions” au colloque qu’elle a organisé à Paris le 26 juin dernier autour de “L’économie d’Outre-mer : s’ouvrir pour soutenir la croissance”.

Je sais ce que j’aurais à faire, les vacances (!) tombant bien : fort d’une « franche naïveté » dont je n’ai pas honte et dont je n’entends pas me départir, je vais m’attacher à tout lire des interventions de Philippe Jean-Pierre (“Transferts et déséquilibres macro-économiques des Economies Ultra Marines”), de Olivier Sudrie (“Les RUP : un même modèle de croissance”), de Guy Dupont (“Innover pour s’ouvrir”) ou encore de Marion Aubourg, Jean David Naudet et Valérie Reboud (“Economies d’Outre-Mer : une croissance sous serre”), tous étant des universitaires ou spécialistes des questions d’économie qui font autorité.
Pour aujourd’hui, je m’en tiendrais à deux remarques.

La première m’a surpris et presque inquiété. Dans le document de l’A.F.D., un classement des 30 îles les plus riches du monde, sur la base de leur Produit Intérieur Brut (P.I.B), fait apparaître que La Réunion n’y figure pas. On y trouve, loin en tête de liste, les Bermudes (tourisme - paradis fiscal), les îles Hawaï (tourisme - base militaire) ou encore les îles Vierges britanniques (tourisme), l’île de Guam (tourisme et aide US), les Canaries (tourisme), la Martinique et la Guadeloupe (aide française et tourisme) et, en trentième position, les Seychelles (tourisme). Point de La Réunion, pourtant créditée d’un taux de 4,5% de croissance annuelle moyenne du PIB sur la période de 1993-2005, alors que ce taux est de 3,6% en Guadeloupe, de 2,9% en Guyane, de 2,8% en Martinique et seulement de 2,2% en France. Inquiétant, non ? Il faudra vérifier la portée réelle de cette information.

La deuxième remarque tient en ce qui s’est dégagé ce mercredi 4, lors de la rencontre que la CCIR et son président Eric Magamootoo ont organisée avec l’A.F.D. laquelle, précisons-le, est « l’opérateur pivot du dispositif français d’aide publique au développement et (qui) intervient à ce titre dans les Etats de l’Océan Indien par ses agences implantées localement », et plus particulièrement à Madagascar.

L’A.F.D. accompagne donc le développement de l’économie malgache par des garanties de prêts bancaires, par des prêts directs pouvant s’étaler sur une durée de remboursement de 15 ans, par des participations en fonds propres à des niveaux non négligeables tout en ayant le souci de laisser aux locaux la responsabilité de leur engagement. Et puis, démarche non sans intérêt pour un pays particulièrement pauvre et dont il importe de ne pas ignorer toute démarche citoyenne faite de social et de solidarité, l’A.F.D. consent des aides au titre de la micro-finance (prêts de 8.000 euros, remboursables sur une durée de 1 mois à 6 ans).

On ne peut que se féliciter de cette démarche volontariste de l’A.F.D. On peut d’autant plus se féliciter que les entreprises réunionnaises qui souhaitent investir à Madagascar et participer ainsi au décollage économique de cette île continent, à laquelle l’Histoire et l’avenir nous lient, pourront en bénéficier.

A l’heure où les responsables de l’économie réunionnaise - acteurs de terrains, élus consulaires et institutionnels - s’inquiètent avec raison des effets d’une mondialisation inéluctable sur notre situation de région insulaire (qui, on l’a vu, n’apparaît même pas dans le classement des 30 îles les plus riches du monde), à l’heure où il conviendrait que nous nous recentrions sur nos bases pour préparer notre « économie sous serre » à « innover pour s’ouvrir » et mieux « soutenir la croissance », il est réconfortant que l’ A.F.D. prenne toute sa part dans l’indispensable et inévitable coopération qui devra, demain, être la règle entre les pays de notre zone de l’Océan Indien.

Raymond Lauret


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