L’ânerie de l’année : 100 millions d’euros, c’est cinq lycées et sept collèges…

20 avril 2009

Les archives de la construction du premier métro français entre Vincennes et la Porte Maillot dans les années 1890, mais aussi celles qui concernent celui de Londres trente plus tôt ne manquent pas de souligner combien ce qui paraît évident aujourd’hui fut, au moment de leur mise en œuvre, combattu par des gens qui ont pu être de bonne ou, souvent, de mauvaise foi. Il en est de même pour la Tour Eiffel, qualifiée par ses détracteurs au début des années 188O de « tas de ferrailles dressé dans le ciel de France pour défigurer Paris ». Plus prés de nous, on se rappelle que la Tour Montparnasse eut aussi ses « adversaires déterminés ». Dieu merci, la construction des transports souterrains dans toutes les grandes métropoles du monde s’est faite, de même que se sont réalisés, malgré les interrogations de certains ou les outrances d’autres, le Musée Beaubourg à Paris, le Futuroscope à Poitiers, Vulcania dans le Cantal ou encore le Centre culturel Jean Marie Tjibaou en Nouvelle Calédonie. De même que l’idée de la départementalisation née dans les années 1940 fut combattue par certains, soutenue par d’autres, et triompha le jour que vous savez.

Ainsi vont les grandes idées, avec leurs flots d’incompréhensions ou leurs lots d’attaques. Il faut le comprendre. Et alors, il faut expliquer ou contre-attaquer, selon que l’on se trouve en face de compatriotes qui s’interrogent en toute sincérité ou bien d’énergumènes qui sont en service commandé.

Tenez, c’est Vincent Boyer qui le rapporte dans un article du JIR d’hier consacré à une réunion contre la Maison des Civilisations et de l’Unité Réunionnaise. La salle de conférence du front de mer de Saint-Paul avait été mise samedi après-midi à la disposition de Pierrot Dupuy, lequel n’avait pas caché qu’il se voulait « ouvertement partisan » avec « l’objectif de donner la parole à tous les citoyens qui sont contre ce projet ». Il vint donc quelqu’un, « le proviseur d’un lycée du Port » précise le journaliste (il s’agit en fait d’un principal de collège), pour dire, à propos du coût de la M.C.U.R., l’ânerie suivante : « 100 millions d’euros, c’est cinq lycées et sept collèges » . Il vint un autre, militant du mouvement anticolonialiste à ce qu’il paraît, pour expliquer que c’est là « un cadeau pour la fille Vergès » et que « Trois générations que l’on subit cette famille… Assez !!! ».

Et l’on se prend à se demander si Jean-Yves Morel, du Modem de François Bayrou, n’a pas eu à regretter de s’être déplacé vu que, selon lui, « l’idée intellectuelle est bonne », juste « le casting est à revoir ». De même que l’on voit avec soulagement que le journaliste du JIR n’est finalement pas dupe de l’opération montée par Pierrot Dupuy and Co : « Ce qu’il faut retenir de tout ça : pas grand-chose de nouveau, si ce n’est justement la difficulté de débattre sereinement d’un projet rongé par la polémique, devenu trop brûlant, trop politisé », écrit en effet Vincent Boyer.

Les métros de Londres et de Paris, le Musée Beaubourg et la Tour Eiffel, le Futuroscope et la Tour Montparnasse, Vulcania et le Centre Tjibaou ont été eux aussi en leurs temps rongés par la polémique et sont alors assurément devenus trop brûlants et sans doute trop politisés. Qui étaient derrière, en embuscade et en attente de prochaines élections ?

Vous ne trouvez pas, vous aussi, que la mascarade est grosse com-me une montagne ?

R. Lauret

Maison des civilisations et de l’unité réunionnaise

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