Libres propos...

L’autre miracle chinois...

5 octobre 2006

J’ai beaucoup apprécié - mais est-ce surprenant ? - le courrier que Monseigneur Gilbert Aubry a adressé hier à l’opinion publique par le biais de la presse réunionnaise.

"Je me situe, écrit l’évêque de La Réunion, dans l’esprit de la laïcité qui, à mes yeux, est un art de vivre ensemble en tant que citoyens de la République, avec nos différences conjuguées, pour la construction d’un même destin".

Et Gilbert Aubry d’ajouter : "... Ce n’est pas la réussite de nos systèmes religieux respectifs qui est le critère de réussite de la société. Nous gagnerons quand nous gagnerons ensemble, quand notre vivre ensemble gagnera, avec ceux qui croient comme nous, avec ceux qui croient autrement, avec ceux qui ne croient pas".

Ce propos me convient et, je l’imagine sans peine, convient à beaucoup d’entre nous. Et il me ramène à un mois de cela, au dimanche 3 septembre dernier.

La veille, notre guide à Pékin nous ayant dit que, en plus de son prénom chinois et, par son baptême, elle s’appelait également Marie, nous convînmes aussitôt que nous assisterions à la messe dominicale. La sœur de Marie est religieuse et “servant” dans l’équipe de la Cathédrale de Pékin-Est, nous nous y rendîmes donc.

Messe vivante, dans une église débordant d’une foule particulièrement soucieuse de vivre sa foi, prêtre dynamique... Tout cela s’exprime en langue chinoise et la communion entre nous tous n’en n’est pas moins totale...

Marie nous fait l’amitié d’une rencontre avec sa religieuse de sœur et avec deux des trois prêtres de la Paroisse : le plus vieux a plus de 80 ans, le plus jeune moins de 30 assurément. Nous parlons de la Chine et de notre île, du dialogue inter-religieux auquel l’évêque de La Réunion a su, avec les autres composantes de la vie spirituelle de notre région, donner un sens, une dimension et du poids.

Plus tard, Marie m’expliquera qu’à l’âge de 15 ans, c’est-à-dire il y a 21 ans, elle avait dû “affirmer” aux autorités locales qu’elle était catholique et qu’elle entendait ne pas le cacher, sans crainte de quoi que ce soit. Ce ne fut pas toujours simple pour la jeune croyante dans un pays dont les responsables d’alors n’acceptaient pas la liberté de culte.

Et aujourd’hui ?

"Cela a bien changé, me dira Marie. Vous l’avez vu : nos églises sont ouvertes, elles sont bondées. Chaque week-end, il y a cinq ou six offices religieux. La liberté est totale. J’apprécie cette ouverture d’esprit de nos dirigeants politiques".

Le soir, le parvis de la grande Cathédrale de Pékin, au cœur de la capitale, recevait un concert de musique classique. Une grosse foule s’y pressait, dans un silence religieux, appréciant manifestement l’orchestre et le chœur qui lui offraient des instants de grande spiritualité.

Au moment de nous quitter le lendemain, au dos d’une photo du groupe qu’elle avait souhaité garder, j’ai écrit : "Pour Marie à qui je veux dire que je suis plus que jamais convaincu que l’émergence de la Foi des chinoises et des chinois apportera au développement de la Chine la dimension spirituelle sans laquelle il n’y a pas de liberté ni de vérité".

La Chine qui s’inscrit dans un cheminement vers “l’art de vivre ensemble”, avec les différences conjuguées de ses citoyens, c’est cela aussi la révolution chinoise. Une part de son miracle, si vous préférez...

Raymond Lauret


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