L’avez-vous vu, cette salle de musculation ?...

29 avril 2005

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Comparé à lui, avec son appartement de 600 mètres carrés à 14.000 euros par mois, Hervé Gaymard semble être un tout petit garnement que sa maman a laissé seul dans la cuisine là où, sur l’étagère, le pot de confiture est à la portée de ses doigts.
Lui, c’est Gaston... Gaston Flosse, seigneur aujourd’hui descendu de son trône de Maître qu’il fut de la Polynésie.
Mardi soir, sur Tempo, Benoît Duquesne est allé là-bas, dans cet océan que l’on dit pacifique, plonger sa caméra de “Complément d’enquête” dans un autre type d’océan, celui de la honte.
Les avez-vous vus, ces Palais que sa Majesté s’était fait construire, ridicules dans leurs prétentions à vouloir singer ceux qui abritent les ors de la République française ?
L’avez-vous vue, cette salle de musculation, que Monsieur s’était fait aménager pour lui et sa cour et qui pourrait contenir simultanément tous les hommes du XV de France, remplaçants compris, pour ses séances de préparation physique ?
L’avez-vous vu, son centre personnel de villégiature balnéaire, avec bungalows de charme-chic posés sur le sable blanc de la meilleure plage de l’archipel ?
L’avez-vous vue, sa propriété privée, construite sur les hauteurs, comme pour défier toutes les difficultés que Dame Nature a imaginées pour se protéger du génie dévastateur des rois de ce Monde et dont on ne peut que se demander où il a trouvé le fric, par dizaines de millions de nos sous à nous, que ces tristes folies ont coûté ?
Et puis, vous l’avez vu donnant l’accolade et embrassant le chef de l’État dont Thierry Desjardins a pourtant dit dans un célèbre ouvrage, qu’il était "L’Homme qui n’aime pas les dîners en ville" ? Vous l’avez vu, passant autour du cou de Jacques son copain le collier de fleurs traditionnel du coin, sous le regard pétillant d’admiration et de reconnaissance de Brigitte Girardin, Ministre, bien entendu, de la République ?
Me viennent à l’esprit et sous la plume trois simples questions :
1°) Comment est-ce possible qu’il ait fallu attendre que Gaston Flosse soit destitué pour que la télévision nous montre, dans le ton résolument sévère qu’a choisi Benoît Duquesne dans son “Complément d’enquête” diffusé chez nous mercredi soir, ces fastes honteux qui s’étalent à côté des petites cases en tôle rouillée qui sont le lot du petit peuple ?
2°) Comment, pourquoi, au moyen de quelles manipulations auxquelles les médias se sont complaisamment prêtées, un tel monarque a-t-il pu, pendant de si longues années, être élu sans discontinuer, toujours avec d’écrasantes majorités, comment a-t-il pu être applaudi, être adoré ? Aurait-t-il bourré (impunément ?) les urnes et vu malgré tout ses élections validées par le Tribunal administratif et le Conseil d’État ? A-t-on tout couvert, a-t-on conditionné le peuple et monté ainsi un type (un exemple ?) de démocratie que la République a jugé recevable ?
3°) Comment a-t-on pu, à Paris, là où tant de rues et tant de places résonnent encore et résonneront toujours des cris de ce peuple qui a fait 1789 et qui a inscrit dans le marbre de notre Histoire la Déclaration des Droits de l’Homme et du citoyen, oui comment a-t-on pu applaudir cela, depuis l’Élysée, depuis Matignon, depuis l’Hôtel de Lassays ou le Palais du Luxembourg ?
Oui, comment ? Oui, pourquoi ?...

R. Lauret


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