L’entorse faite à un si noble mot !...

1er juin 2006

Pascal Duret nous fait régulièrement l’amitié de confier à nos lecteurs certaines de ses réflexions. Celles-ci, par leurs pertinences, nous amènent à ne pas rester collés à l’événement, mais bien à le dépasser. Et c’est heureux...
Dans l’édition de “Témoignages” d’avant hier mardi, Pascal Duret interroge et explique : "Pourquoi l’amnistie de Guy Drut est-elle plus scandaleuse qu’une autre ?".
Professeur en sociologie du Sport au département STAPS de l’Université du Tampon, Pascal Duret entend également exercer pleinement son devoir de citoyen. Et il le dit, à propos de Jacques Chirac qui a rappelé qu’en amnistiant Guy Drut, "il n’avait fait qu’utiliser les prérogatives offertes par la nouvelle Loi de 2002 sur les droits de grâce". Il le dit, sans détour : "Quand les passe-droits font partie de la loi, quand le favoritisme devient la règle, quand se creuse toujours plus le fossé du “deux poids deux mesures”, ne peut que s’accroître aussi le sentiment d’impuissance face à la corruption". Voilà qui est clair et n’a rien à voir avec certaines désapprobations de circonstances que l’on a pu entendre par exemple dans les couloirs de l’Assemblée nationale de la part de certains députés davantage préoccupés par leur réélection l’année prochaine que de morale et de dignité. La morale et la dignité vraies auraient dû s’exprimer à l’époque - en 2002 - quand fut décidée la fameuse Loi sur “les droits de grâce”... S’en offusquer actuellement, voilà qui prête, c’est le moins, à sourire !
Revenons à Guy Drut, hier champion incontesté du 110 mètres haies (médaille d’or à Montréal, aux Jeux Olympiques de 1976) et qui aujourd’hui, dans la logique d’une Loi qui, pour reprendre les termes de Pascal Duret, permet que "ceux qui ont le plus de chance de servir d’exemple moral soient aussi ceux qui se font le plus facilement absoudre de leur manquement", vient donc de recevoir la grâce (Ooh... l’entorse faite à un si noble mot !) parce que, selon le chef de l’État, son amnistie "lui permettra de continuer à garantir l’influence de la France" au sein du Comité international olympique ! Faut-il en rire ?
Pascal Duret règle de belle manière cette incroyable audace sémantique : le CIO se voulant être "une contre société vertueuse, un havre protégé de la corruption", personne ne peut penser que "Guy Drut pourrait aujourd’hui incarner cet idéal". Et Pascal Duret d’enfoncer un peu plus le clou : "Par contre, retirer Drut aurait permis de réaffirmer à la face des membres du CIO souvent moins prompts à appliquer à eux-mêmes les principes de probité qu’ils réclament des autres, que la France tenait ferme sur les principes".
J’ai aimé que Pascal Duret, dans cette affaire et dans bien d’autres qui lui ressemble, ose une évidence dont lui et moi espérons qu’elle interpellera plus d’un : "La Justice, écrit-il, n’est plus l’égalité de traitement mais l’information faite sur les illégalités perpétuées en toute tranquillité".
Voilà qui est bien envoyé. L’entendrons-nous ? L’entendez-vous ?

R. Lauret


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