L’Histoire devra écrire...

17 mars 2007

L’Histoire - la grande, la seule, celle qui s’écrit avec une majuscule - retiendra en premier lieu son exploit bâti tout au long de 151 jours de mers authentiques, leurs quarantièmes rugissants et leurs cinquantièmes hurlants. L’Histoire retiendra encore qu’un beau jour elle brisa son mât et qu’elle sut alors trouver au bout d’elle-même la sérénité rageuse pour ne pas céder aux prières des sirènes de l’Australie toute proche et de la plus élémentaire des logiques humaines, l’une et l’autre lui suggérant qu’elle cesse alors son combat de l’inutile. Le monde, lui soufflaient toutes deux, ne lui en aurait assurément pas fait grief.

L’Histoire rajoutera alors qu’elle se refusa de s’en remettre à ce qui va de soi, qu’elle essuya ses larmes et pria le bon Dieu de la consolider dans son acte de Foi qui ne serait pas folie. L’Histoire devra écrire qu’elle força donc le destin et l’admiration, qu’elle amena les siens à reculer d’un cran supplémentaire leur capacité chaque jour renouvelée à vivre au rythme qu’elle entend imposer à sa vie.

L’Histoire aura donc à souligner qu’elle réussit et, qu’au bout de son aventure, les qualificatifs manquèrent à mille plumes peu habituées à de tel rendez-vous, pendant qu’une île, toute entière émue, oubliait son chik, Gamède, Ségolène et Sarkozy, Voynet, Buffet et Besancenot et offrait son plébiscite à une simple demoiselle.

Ainsi, l’Histoire aura alors tout dit. Tout, sauf l’essentiel.

De l’essentiel, nous en fûmes témoins. Du moins je le crois.

L’essentiel, pour beaucoup d’entre nous en tout cas, n’est-ce pas ce qui parcourt le visage de Maud Fontenoy quand elle pose son regard sur les enfants ? L’essentiel, du moins je le crois, n’est-ce pas l’attention, la communion, qui s’exprime alors entre une grande dame et ces petites têtes qui auront demain à affronter une Terre qui voudra les enfermer dans ses logiques spéculatives ?

Je la regardais - comme vous la regardiez - à son arrivée au Port jeudi matin ou le soir à la Région, penchée sur les enfants, leur parlant un langage d’amour et d’espérance, avec des mots qu’ils comprennent et pourront projeter loin devant eux, dans leurs rêves de vie.

L’avez-vous noté ? Elle n’aime pas trop signer les autographes, ce truc que les adultes un peu colonisés par le superficiel aiment bien singer. Dans la foule des grands, elle se faufile à la recherche d’autre chose, d’un peu d’air. Elle se dérobe, pressée de retrouver sa solitude des grands larges. Ou encore les enfants qu’elle appelle déjà “les marmay”.

L’avez-vous noté ? Quand c’est un marmay, un malentendant par exemple, qu’elle l’entend dire des choses vraies et belles, alors Maud a tout son temps. Alors, elle joue à s’élever au niveau des bouts d’homme ou de femme qui se sentent honorés de cette tendresse qu’ils perçoivent et ressentent comme un don du ciel. Un don du ciel : et si, en vérité, Maud nous venait de là où grandissent les anges ?

Raymond Lauret


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