L’occasion, plus que jamais à ne pas manquer...

8 avril 2006

Jean-Noël Fortier a-t-il tort quand, dans “Le Quotidien” du jeudi 6 avril dernier, il affirme au sujet de la route du littoral que "la plus grande confusion règne dans les services de l’État concernés par ce dossier" ? Pour preuve, il précise que, s’agissant des travaux, "les calendriers ne sont pas en phase". Et d’expliquer : "Les conditions techniques vont être présentées aux élus le 12 avril afin de recueillir leur avis alors que les travaux s’achèveront aux environs du 18". D’où cette opinion : "Le Ministre des Transports souhaite sans doute partager les risques avec les élus". Les risques ?
Il y aurait donc risques ! Est-ce là un scoop ?
Avant même que l’expert Jean-Pierre Magnan n’ait confié à Damien Valette, dans le “JIR” du 31 mars dernier, que "toutes les falaises sont destinées à tomber un jour ou l’autre", et puis que "rien ne permet de dire qu’il n’y aura pas un autre glissement dans quelques jours", et encore que "tous les blocs de rochers sont indépendants, on a du mal à stabiliser tout ça...", nous le savions tous : les risques de gros éboulis ne préviennent pas mais sont là sur nos têtes.
Et c’est bien pourquoi Jean-Noël Fortier prend à son compte cette certitude des risques que M. Perben veut partager avec “les élus”.
Mais Jean-Noël Fortier se fait en même temps le porteur, en 8 questions, d’une demande qui, dit-il, monte de façon quasi-générale : "Ouvrez-la, cette route" sur laquelle, rappelle-t-il, "au cours des 30 dernières années, il y a eu dix fois moins de personnes tuées que sur le prolongement du tronçon, entre les Lataniers et la fin de la route Digue à Saint-Paul".
Pourquoi donc accepterait-on aujourd’hui la fatalité alors qu’à chaque éboulis meurtrier, on s’en émeut en accusant tout le monde et qu’à celui du 24 mars dernier, on a pris conscience de ce qui a été rapporté par l’expert Magnan ?
De quoi nourrir des regrets.
Car l’occasion était là, à portée de décision : créer les conditions pour que des milliers de Réunionnais soient incités à prendre le transport collectif, comme cela se fait déjà, et depuis longtemps, dans des pays où “le coma circulatoire” allait asphyxier l’économie et bloquer des centaines de milliers de personnes, seules au volant de leurs voitures particulières, pare-chocs contre pare-chocs, dans de bruyants bouchons recommencés chaque matin et chaque soir, cinq jours par semaine.
Cela aurait été nécessaire tout le temps qu’une autre route n’aurait pas été livrée, dans huit ou dix ans, dit-on. Cela aurait duré le temps qui permet à de nouvelles habitudes de mûrir et d’alléger en l’étalant, le poids que pèse l’automobile dans un pays qui filera alors vers son million d’habitants.
Car l’occasion était là, d’organiser le transport collectif des voyageurs le matin et le soir et celui des marchandises aux heures creuses... L’occasion également d’imaginer l’océan comme une voie libre de contraintes et apte à répartir entre le Sud et le Nord-Est, l’essentiel du poids de la circulation... L’occasion encore de rendre crédible une usine unique d’incinération de nos ordures ménagères que des barges alimenteraient à partir de deux ports éclatés en plus de celui de la Pointe des Galets et de Sainte-Marie... L’occasion aussi d’organiser du travail pour nos taxiteurs.
L’occasion va-t-elle filer sous nos yeux, l’État se calant sur "la demande générale", une demande qui laisserait à penser qu’ici on grogne volontiers avant... de revenir à de meilleurs sentiments ? Ou bien, l’occasion, elle est toujours là, plus que jamais à portée de décision...

R. Lauret


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