L’ouverture par la rupture : et si nous avions eu Ségolène ?

29 mai 2007

Elle avait clairement - en tout cas de manière bien plus qu’implicite - fait comprendre aux éléphants du Parti Socialiste qu’elle entendait se débarrasser de l’encombrant autoritarisme de leurs positionnements de chefs de courants. Si elle avait été élue aux plus hauts fonctions de l’État, serait-elle allée au bout d’une logique qui aurait voulu qu’elle fit, entre autre, elle aussi de l’ouverture vers certains adversaires - les opposants d’hier - ceux plus particulièrement du parti de François Bayrou ?
Ségolène Royal n’a pas été élue. Il nous faudra attendre cinq ans, en 2012, et l’hypothèse de son élection pour voir si...
Pour l’heure, seuls tableaux sur lesquels porter notre regard, ceux que nous offre Nicolas Sarkozy.
Il y eut son “indécente” escapade à Malte et son (déjà) fameux premier jogging présidentiel. Short et tee-shirt trempés, le successeur de Jacques Chirac eut à se justifier sur... ce “détail”. Il le fit, comme pour dire aux Françaises et aux Français que son nouveau statut ne changerait pas sa nature. Joggings il a toujours fait, joggings il continuera à faire. Bolloré et Bouygues ont été ses amis, ils le resteront. Et surtout... surtout... ce que d’autres chefs d’états font en catimini, lui le fait sans se cacher... Na !!!
Il y eut encore son... son fameux “patin” à Cécilia, en plein Palais de l’Élysée, devant tout le monde et pour toutes les télévisions du monde. Explication : puisque, comme vous, nous nous embrassons (aussi) sur la bouche dans notre vie de couple, pourquoi n’en faire qu’une histoire intime ? Pourquoi priver le public de ce que nous faisons, comme il l’imagine, en d’autres moments ? En effet ! Même si d’aucuns ont pensé que ce baiser là avait peut-être aussi pour effet de minimiser le sens de l’abstention, pour le 2ème tour du 6 mai, de la future première dame de France !
Et puis, il y eut la composition de son gouvernement. Après qu’il a lancé à son entourage le plus sûr que « la fidélité, c’est pour les sentiments,
l’efficacité c’est pour le gouvernement »,
certains, après avoir décodé et traduit, eurent une grosse grimace. Une grimace que Patrick Devedjan, fidèle parmi les tout proches, exprima de la sorte : « Je suis pour aller très loin dans l’ouverture...y compris jusqu’aux sarkozystes, c’est dire... ». Et, au cas où l’ancien patron de l’UMP puis candidat triomphalement élu n’aurait pas totalement bien saisi, celui qui a hérité depuis de la Présidence du Conseil Général des Hauts-de-Seine rajouta : « ... Parce que je pense que la fidélité n’est pas nécessairement le contraire de la compétence...!!!
Nicolas Sarkozy a écouté. Mais il n’entendit point. Il appela Bernard Kouchner pour les affaires étrangères et européennes, Hervé Morin pour la défense nationale, Jean Pierre Jouyet auprès de Kouchner et Martin Hirsch à un Haut Commissariat aux solidarités (actives, s’il vous plaît), contre la pauvreté. À ces (ses ?) quatre symboles de son désir d’ouverture, il a demandé de rester fidèles à leurs convictions politiques. Cela ne saurait être incompatible avec leur haute capacité à servir la France.
Depuis, tout baigne. François Fillon s’est mis lui aussi au jogging. Et le nouveau chef de l’État s’en est allé samedi tenir meeting quelque part en France dans le cadre des Législatives : rien que ça... comme pour que l’on sache bien que désormais rien n’est plus comme avant !
Il devient alors tentant de se demander si Ségolène se serait risquée d’aller aussi loin dans la certitude qu’elle avait affichée de rupture avec les habitudes de son troupeau d’éléphants... Si à cette question on croit pouvoir répondre oui, un autre questionnement vient alors à l’esprit : comment donc se serait-elle prise pour faire autrement elle aussi ?

R. Lauret


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