La banque des pauvres...

19 octobre 2006

Celle qui était en face de moi, son journal à la main, lâcha soudain : « Voilà une page qui m’apporte un peu de réconfort... ». La page du “Monde” en question, toute entière, comportait deux articles d’Anne Michel et de Erich Inciyan consacrés à Muhammad Yunus, tout récemment honoré du Prix Nobel de la Paix.
Mon vieux copain Antoine Minatchy m’avait offert - c’était en mars 1999, pour le premier anniversaire de notre élection à la Région Réunion - le livre que le fondateur de la Grameen Banque a écrit et à travers lequel il nous invite à le suivre dans sa démarche (c’est le titre de l’ouvrage) « Vers un monde sans pauvreté ».
« Mon expérience au sein de la Grameen, écrit en préface Muhammad Yunus, m’a donné une foi inébranlable en la créativité des êtres humains. J’en suis venu à penser qu’ils ne sont pas nés pour souffrir de la faim et de la misère. S’ils en souffrent aujourd’hui comme ils l’ont fait par le passé, c’est que nous détournons les yeux de ce problème ».
Muhammad Yunus est né en 1940 à Chittagong, une grosse ville du Bangladesh, un des pays les plus pauvres de la planète. En 1971, quand le Bangladesh quitte le giron de l’Inde pour assurer seul son destin, Yunus prend la direction du département d’économie de l’université de sa ville natale. Cinq ans après, soucieux de lutter contre un état de misère qui, notamment dans les zones rurales, ne cesse de s’accroître, il lance un programme de micro-crédit baptisé « Grameen ».
En 1983, Grameen devient un établissement bancaire. La Grameen Bank, à ce jour, a distribué 5,72 milliards de dollars en prêts à des pauvres et notamment des femmes soucieuses de monter des petites opérations de récupération, d’artisanat ou de “petits” services. 98,85% des sommes prêtées ont été remboursés, ce qui peut créer des envies chez certains établissements financiers qui s’ouvrent exclusivement vers les “gros” projets.
Au moment où l’on parle du marathon judiciaire entamé par Bernard Tapie contre le Crédit Lyonnais et la firme Adidas et au bout duquel quelques 135 millions d’euros sont en jeu, il est symbolique que celui dont le nom restera à jamais attaché à un concept de “banque des pauvres” annonce que la somme qui récompense tout prix Nobel (1,5 millions d’euros) et qui lui sera remise sous peu sera entièrement versée à des actions humanitaires au profit des pauvres de son pays.
Et il est bien que le PDG de Danone, M. Franck Ribaud, ait exprimé sa fierté d’inaugurer en novembre prochain au Bangladesh une co-entreprise avec la Grameen Bank pour produire des yaourts « ultra-nutritifs à bas coût ». Zinédine Zidane sera là, aux côtés de Muhammad Yunus dont Franck Ribaud a dit que « c’est un type fascinant, invraisemblable. Se retrouver entre un Prix Nobel de la Paix et Zidane autour d’un tel projet, c’est un beau rêve ».
Ce jour-là, sûrement, Muhammad Yunus continuera à affirmer qu’« un système qui exclut les deux tiers de la population mondiale ne peut être juste ». Et chacun d’entre nous à méditer son engagement...

Raymond Lauret


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