Là-bas, accaparée par sa voile à hisser

2 janvier 2007

Pendant que la nuit de dimanche nous faisait glisser dans une nouvelle année...

Pendant que, vous y préparant, vous faisiez donc bombance de mets fins et de vins de hauts crus...

Pendant que, préférant méditer sur tout ce qui s’est passé de bon ou de moins bon ou encore sur ce qui nous attend et que nous ne pouvons pas prévoir, vous aviez choisi un lieu de recueillement comme pour vous sentir bien plus proche de ceux auxquels vous aimez souvent penser...

Pendant que dans nos nuits et dans nos ciels de rêve, les pétards et les gerbes de lumière de mille couleurs acclamaient un instant pourtant à tous les autres pareils, que nous nous embrassions comme si nos soucis étaient pour longtemps désormais derrière nous, à nous « la souhaiter bonne et heureuse »...

Oui, pendant ce temps, quelque part du coté d’un point d’imaginaire en plein Océan Pacifique, là où la complainte des longitudes et des latitudes s’adosse à du 40-150, là-bas où rode le Pôle Sud avec ses vents de glace, ses nuits sans lune et ses journées sans soleil, là-bas où elle ne croise que des icebergs à la dérive sur une planète ivre d’effets de serre, là-bas, Maud Fontenoy poursuit son défi d’être humain qui a, manifestement, choisi de vivre à contre-courant.

Là-bas, accaparée par sa voile à hisser, par sa radio où capter et envoyer les signes qui nous rassurent, plongée dans ses notes ou assoupie sur sa couchette qu’encadrent un petit évier, la bouteille de butagaz et son matériel électronique qu’elle appelle la « bouée de survie », là-bas Maud a tout le temps de se rappeler que le bonheur parfait, « c’est être là où l’on a rêvé d’être » ; que ce qui la caractérise, « c’est la ténacité » et que ce qu’elle aime chez les autres, c’est « la volonté » ; qu’elle se fiche pas mal de l’apparence, et donc de « son apparence » ; qu’elle aime « agir » ; qu’en matière de musique, elle aime bien écouter « du jazz et de la musique classique, Brel, Brassens et Cabrel... » ; qu’elle va volontiers au cinéma s’il s’agit de « grands espaces » ; que son écrivain préféré, « c’est Jack London » ; qu’elle craque pour « un plat de sushi et des framboises » et que, question boissons, pour elle ce sera « de l’eau fraîche et du lait de soja » ; qu’elle ne supporte pas « les gens qui crient et les portes qui restent fermées » ; qu’elle admire « Gandhi et Nelson Mandela »...

Alors, depuis notre terre ferme que tu as quittée le dimanche 15 octobre dernier, te souhaiter « une bonne année 2007 » pouvait relever de l’incongru et du dérisoire. Pourtant, bien chère Maud, nous avons été très nombreux, ici et là et là-bas encore, à le faire, en levant notre verre ou plus simplement en te mêlant à nos intimes prières.

Raymond Lauret


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