La bastonnade faisant l’affaire...

25 juin 2005

(Page 2)

À Paris, c’est Nicolas Sarkozy qui bombe le torse, roule ses mécaniques et, dans le ton larmoyant bien populiste qui est la marque du candidat qu’il s’est déclaré pour les présidentielles de 2007, réclame que tel juge soit jugé pour être condamné pour faute professionnelle.
Ce qui lui vaut la réprobation quasi unanime de la classe politique française et la protestation de tout ce que notre paysage compte de syndicats de magistrats. Ce qui lui a valu la sèche réplique de son collègue du gouvernement, le ministre de la Justice Pascal Clément : "La loi, toute la loi a été respectée !"... Bonjour l’ambiance au prochain Conseil des ministres, lorsque le président de la République, Président en titre du Conseil supérieur de la magistrature (C.S.M.) croisera du regard son sémillant ministre d’État qui ne rate pas la moindre occasion de rappeler qu’en 2007, pour les présidentielles... vous connaissez, n’est ce pas, la suite !
À moins de 10.000 km de là, à Bras-Panon de La Réunion, c’est un déploiement inconsidéré et bien considérable de moyens pour arrêter deux citoyens qui n’ont jamais caché que ce sont eux qui ont confectionné deux banderoles et marqué, à la peinture, des inscriptions qui, je le comprends, ne sont pas du goût du maire de la commune. Et ça te vous déboule dans l’appartement dès 6 heures du mat’, pistolets aux poings, menottes à la ceinture. Et ça vous pointe le froid canon de l’arme sur la tempe, comme si, oui, un peu comme si on était en exercice, histoire de savoir faire un jour, quand ce sera pour de vrai, avec de vrais terroristes et de vrais assassins.
Y a-t-il une relation de cause à effet entre le déclaration parisienne d’un ministre de l’intérieur et la démesure répercutée ici ?
Je ne sais pas si, avec des méthodes comme celles-là, Nicolas Sarkozy éliminera La Pen en séduisant son électorat et en l’en privant. Cela se dit, cela s’écrit, cela s’écrie à Paris.
Vraiment, je ne sais pas. Je lui souhaite en tout cas de réussir dans son inavouable et sombre dessein. Car, alors, et là je n’en doute pas, il montrera à tout le monde ce qu’il est exactement. Il s’isolera et isolera ceux qui, là-bas ou ici même, en ont fait leur champion pour une République qui n’aurait plus besoin d’investir dans l’éducation, la bastonnade faisant l’affaire...


R. Lauret


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus