La conversion du regard…

15 mai 2009

C’est là-bas quelque part, dès que ses premières pentes invitent la Commune de Sainte-Marie à ne plus être ville et béton et à laisser un peu d’air pour que Dame nature accueille comme il convient les pensionnaires de La Ressource ou les tortues de la Création, c’est là-bas donc qu’il a choisi de vivre sa vie quand sa part de corvée de bureaux est remplie. Là-bas, son « jardin est une chapelle Sixtine où souvent, du doigt, le grand Architecte » lui montre simplement « ces choses » qui l’entourent. Alors, bien sûr et tout simplement, comme si l’ordre donné était caresse doucement murmurée, il « se penche et ramasse des petits morceaux d’éternité ».

A ma connaissance, Emmanuel Lemagnen n’est ni prêtre du bon Dieu, ni même missionnaire de l’on ne sait quelle religion en mal de territoire à conquérir. Je le connais Grand Maître de l’Artisanat d’Art et d’une Académie de bons mots unique en son genre, mais également porteur des valeurs de l’amitié sûre et père de petits poissons qui surent dire ici même ce que nul éditorial ne saurait faire passer comme message essentiel.

Pourtant, afin que nous puissions nous aussi et vous aussi observer avec lui et pleinement ses « petits morceaux d’éternité » et pour que nous puissions nous aussi, vous aussi vivre avec lui ce que, fort joliment, il appelle « la conversion du regard », il a choisi les murs d’une salle de la Médiathèque de Sainte-Marie pour accrocher en une constellation d’étoiles trente-six de ses œuvres d’artiste poète. Et là se lève le voile derrière lequel l’infiniment banal nous garde jalousement ses plus pures beautés.

Je ne vous en dirais pas plus. Une plume, fut-elle généreuse comme pas deux, ne saurait remplacer l’âme de nos regards portés jusqu’au plus profond de la chose devenue morceau d’éternité.

J’ai seulement relevé, écrites par l’auteur, ces paroles qui vous accompagnent tout au long de votre promenade, entre sa « goutte d’île » et ses « éclaboussures », sa « barrière végétale » et ses « désirs d’Afrique » ou bien encore, autres titres de ses toiles, sa « table de multiplication » ou son « jour de Saint-Jean » : « … les hommes, nous dit-il, se posent des questions scientifiques, philosophiques ou spirituelles ; les enfants ont la réponse ; ils regardent de prés, avec joie et acceptation ».

Alors, conquis nous aussi, on ajoute avec lui : « … le huitième jour, Dieu se reposa et pris quelques photos ». Je le sais bien, Emmanuel Lemagnen n’est pas Dieu. Mais qui donc lui tient parfois la main et qui donc choisit ces mots qu’il nous distille souvent ? Oui, qui donc ?

R. Lauret


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